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L’ascension de Ben Carson à la conquête de la Maison Blanche

Nov 04, 2015
L’ascension de Ben Carson à la conquête de la Maison Blanche

Ben Carson est aussi discret que Donald Trump est extravagant, et pourtant le chirurgien à la retraite l'a rattrapé en tête des sondages pour les primaires présidentielles républicaines aux États-Unis. Un autre outsider en haut de la vague anti-establishment.

Benjamin Carson, 64 ans, est le seul Afro-Américain de la course, et comme le milliardaire Donald Trump, il n'a jamais exercé de mandat politique.

Sa montée dans les sondages, jusqu'à ravir la première place à l'homme d'affaires dans plusieurs enquêtes d'opinion, s'est faite comme une lente marée, stupéfiant observateurs et candidats qui ne s'attendaient pas à ce que ce médecin apathique et gaffeur, invisible dans les débats télévisés, séduise un républicain sur quatre.

Son histoire personnelle est une déclinaison idéale du rêve américain. Il a grandi dans des quartiers sinistrés de Detroit et Boston, élevé par une mère analphabète, mariée à 13 ans, qui a chassé son mari bigame de la maison.

À 14 ans, Ben Carson tente de poignarder un garçon. Si la lame du couteau ne s'était brisée sur la boucle de ceinture de sa cible, le républicain raconte souvent qu'il serait probablement en prison au lieu d'être candidat à la Maison Blanche, une histoire qui laisse le public sans voix quand il la raconte régulièrement à des auditoires conservateurs.

«C'est la dernière fois que j'ai eu une crise de colère», soulignait-il en juin à Washington.
Le jeune Ben était mauvais élève, incontrôlable, un sale caractère. Mais sa mère le force avec son frère à lire deux livres par semaine. Les notes s'améliorent, Ben Carson devient élève modèle, est accepté comme boursier à l'Université Yale, avant de faire médecine à l'Université du Michigan et de rejoindre le grand hôpital Johns Hopkins de Baltimore, dont il dirige rapidement le service de neurochirurgie pédiatrique.

Il devient l'un des huit neurochirurgiens noirs dans le monde entier, raconte-t-il dans un livre en 2007.

L'opération qui le rend célèbre date de 1987 quand il sépare, assisté d'une équipe médicale de 70 personnes, deux frères siamois allemands âgés de sept mois attachés à la tête, une intervention de 22 heures, et une première mondiale, car les deux bébés ont survécu.

George W. Bush lui accorde en 2008 la plus haute récompense civile américaine, la Presidential Medal of Freedom. Sa carrière médicale fait aussi l'objet d'un film en 2009, «Des Mains en or» («Gifted Hands»), avec Cuba Gooding Jr. dans le rôle du médecin.
Ben Carson a déjà écrit quatre livres, d'ordre spirituel ou de motivation personnelle, quand il prend sa retraite en 2013 pour se lancer sur le circuit conservateur.

Il devient un orateur très recherché des ultraconservateurs. Sur scène, il arbore un fin sourire, son débit est doux, ponctué d'anecdotes, plaisanteries, et extraits de la Bible.

Toujours, il promeut la compassion et en revient à la responsabilité individuelle, une valeur qui l'amène à dénoncer l'État-Providence, qui maintient selon lui à dessein les gens dans la pauvreté.

Malgré ses manières d'église, le docteur Ben Carson cultive le «politiquement incorrect» et scandalise beaucoup à gauche par des déclarations provocatrices sur l'homosexualité, l'esclavage, l'Holocauste, les armes, l'incompatibilité de l'islam avec la Constitution américaine.

Dans un discours en 2013, il dit vouloir «rééduquer les femmes» sur l'avortement. C'est là aussi qu'il prononce une phrase qu'on lui reproche encore, à propos de la réforme du système de santé de Barack Obama: «Obamacare est vraiment, je pense, la pire chose qui soit arrivée à ce pays depuis l'esclavage. Et c'est, d'une certaine façon, de l'esclavage, car cela nous asservit tous à l'État», dit-il, acclamé.

Son explosion récente dans les sondages, notamment dans le rural Iowa, est tirée par son succès auprès de la base évangélique, où il devance le pas-très-pieux Donald Trump. Celui-ci a d'ailleurs répliqué en se demandant à haute voix ce qu'était cette église des adventistes du septième jour, dont les Carson sont des fidèles.

Mais comme le milliardaire, Ben Carson profite du climat anti-establishment.
«Je ne suis pas un politicien. Je n'avais aucune intention d'en devenir un. Je ne suis qu'un homme normal», a-t-il redit dimanche dans une énième église, dans le Tennessee, devant des milliers de personnes. – AfricaLog avec agence