Alors que l’on s’attendait à la tenue du «meeting géant» de l’opposition républicaine ce lundi, 4 août, celle-ci a annoncé son report à une date ultérieure. C’était la semaine écoulée en raison du drame survenu le mardi 29 juillet à la plage de Rogbanè à Taouyah, Commune de Ratoma avec la mort de 34 jeunes. Ces derniers, âgés de âgés de 10 à 40 ans, étaient allés suivre le spectacle des groupes "Banlieuz’arts" et "Instinct Killers".
L’annonce du report du meeting a eu lieu lors de la conférence de presse que les leaders de cette mouvance politique ont animée le jeudi, 31 juillet à la Maison de la Presse avec pour thème "L’Accord du 3 juillet 2013".
Sur la raison de ce report, les précisions du Porte-parole de l’opposition républicaine: «La Guinée est dans un contexte de deuil national qui est lié à la perte que nous avons subie par la mort de ces 33 [34 ; NDLR] jeunes sur la plage de Taouyah, et nous déplorons cela. Nous sommes très attristés par cette situation. Nous avons saisi l’occasion pour présenter nos condoléances aux familles des victimes et à leurs proches ainsi qu’à tout le peuple de Guinée».
Pour Aboubacar Sylla, c’est la violation des clauses de l’Accord du 3 juillet 2013 qui est à la base de l’organisation de leur manifestation et la non conclusion, à travers des signatures des différents participants, du récent dialogue dont les relevés de conclusion présentés en plénière ne sont pas fidèles aux discussions et au consensus: «Nous nous sommes réjouis en son temps de la fin de ce dialogue qui s’est conclut par un consensus général autour de tous les points qui étaient inscrits à l’ordre du jour. Nous nous étions félicités effectivement que, et la mouvance présidentielle, et le gouvernement, et l’opposition, se soient très rapidement accordés sur un consensus sur les conclusions d’un dialogue qui tardait à se mettre en place».
Il a par la suite réitéré son accusation: «Malheureusement, ce dialogue a été remis en cause au plus haut niveau du pays et nous sommes dans la situation inédite où un dialogue s’est tenu, s’est achevé et l’Accord n’est pas signé depuis bientôt 3 semaines».
Aboubacar Sylla soutient qu’une date sera fixée prochainement pour la tenue du meeting avorté: «En tout état de cause, nous n’arrêterons pas nos manifestations tant que nous n’avons pas gain de cause. En attendant, nous appelons nos militants et tout le peuple de Guinée à faire de ce jour [4 août 2014 ; NDLR], une journée de deuil national».
Cellou Dalein Diallo de l’UFDG abondera dans le même sens en faisant passer le message qui devrait lui attirer de la sympathie: «Même si le gouvernement n’avait rien dit, nous ne pouvions pas tenir ce meeting dans la mesure où nous avons perdu près de 40 personnes. Avant ce décret, nous étions en deuil et nous sommes toujours en deuil».
Le député du RPG Arc-en-ciel, par ailleurs Secrétaire général du parti, Dr Saloum Cissé, semble souffler à la fois le chaud et le froid: «Nous savons que le banc de l’opposition est un banc rugueux pour y avoir passé 27 ans. C’est pourquoi, nous faisons tout pour qu’elle [l’opposition ; NDLR] se sente à l’aise. Nous lui avons dit, à l’issue du dialogue, de ne pas rester derrière des idées incongrues. Mais, vous ne pouvez pas réveiller celui qui fait semblant de dormir ! Nous mettons en garde sur la mauvaise foi de cette opposition. Nous voulons la sérénité et la quiétude dans ce pays. Mais, l’opposition n’a pas une once de volonté de collaborer».
Cellou Dalein Diallo, la défend en affirmant que «C'est parce que tout a été fait, mais rien n'a été obtenu [de la part du pouvoir ; NDLR]».
«On [l’opposition ; NDLR] a souhaité le dialogue, on a écrit, on a suspendu notre participation à l'Assemblée [nationale] pour obtenir le dialogue. Maintenant, lorsque l'Accord trouvé au cours de ce dialogue ne peut pas être reconnu et appliqué. On ne peut pas laisser Alpha Condé et son gouvernement organiser une mascarade électorale. Il nous faut nous lever tous, exiger les conditions d'une élection transparente et crédible», relève Cellou Dalein.
Sidya Touré de l’UFR se montrera plus tranchant: «Nous ne tarderons pas à appeler la population de Conakry à descendre dans la rue pour dénoncer les abus de ce pouvoir».
De son côté, Faya François Bourouno, le chargé de Communication du PEDN de Lansana Kouyaté, a voulu plutôt, créer le "buzz", par rapport à la participation ou non de son patron à la prochaine manifestation de l’opposition républicaine.
Il a donné la réponse suivante: «Cela dépend de la date qui sera retenue puisque vous-mêmes [les journalistes ; NDLR] vous avez suivi que le report du 4 août est sine die. Donc, nous attendons d’en connaître la date. M. Kouyaté, quant à lui, a un calendrier à l’étranger [de la Guinée ; NDLR] que nous nous connaissons. Nous estimons qu’il n’y a aucune raison qui l’empêche d’être là pour participer à ce meeting, si toutefois les coïncidences de calendriers se rendaient évidentes».
Lansana Kouyaté est le seul des 114 députés élus lors des élections législatives de 2013 à ne pas avoir siégé à l’Assemblée nationale. Depuis la publication des résultats qu’il n’a pas appréciés, le leader du PEDN vit à l’extérieur de la Guinée. Sa Secrétaire nationale, Mme Traoré Zalikhatou Diallo qui a accepté de prendre part aux travaux de la présente législature, contre l’avis de son parti, a été purement et simplement évincée de la formation politique. D’autres départs ont suivis dont celui de son mari, Mamadi Traoré.
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