L'Union africaine (UA) vient de décider de déployer 7.500 militaires pour combattre Boko Haram, un mouvement qui sème le chaos en Afrique de l'Ouest depuis plusieurs années, au cours du 24e sommet de l'UA qui s'est tenu les 30 et 31 janvier à Addis Abeba, capitale de l'Ethiopie.
La décision a été saluée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a estimé qu'une "coopération régionale et internationale" était nécessaire pour lutter contre le groupe terroriste.
"Je salue la décision de l'UA et des pays de la région d'établir une force multinationale contre Boko Haram", a-t-il déclaré samedi devant la presse en marge du sommet de l'UA.
Pour Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l'UA, Boko Haram est une menace non seulement pour le Nigeria et la région, mais aussi pour le continent africain, et il est donc indispensable de renforcer les efforts de l'Afrique pour faire face à cette situation.
"La situation requiert de la part de l'Afrique des efforts collectifs plus soutenus", a déclaré Mme Dlamini-Zuma à l'ouverture de la 26ème session ordinaire du Conseil exécutif de l'UA le 26 janvier à Addis Abeba.
Le Nigeria, le Cameroun, le Niger, le Tchad et le Bénin ont déjà convenu fin 2014 d'établir une force de 3.000 hommes pour lutter contre Boko Haram. Mais en raison de dissensions entre Abuja et ses voisins, cette force n'est toujours pas opérationnelle.
Le 16 janvier, le Tchad a décidé d'envoyer ses troupes au Cameroun et au Nigeria pour aider ces deux pays à combattre la secte islamiste Boko Haram, dont les exactions au nord-est du Nigeria ont fait fuir plus de 14.000 Nigérians qui se sont réfugiés dans la région du Lac dans l'ouest du Tchad.
Cette situation a bloqué les échanges commerciaux du Tchad avec les pays voisins, et plus particulièrement avec le Nigeria, asphyxiant ainsi une économie déjà fragilisée par la conjoncture économique internationale.
"L'heure est grave, car le péril est présent pour notre unité nationale et notre économie générale. Ce péril est représenté par la secte Boko Haram qui, progressivement et sûrement, gagne du terrain dans notre espace commun", a déclaré Ngartokété Tatola, président de la commission Défense de l'Assemblée nationale du Tchad.
Il est temps et urgent pour le Tchad de sortir ses muscles et de bomber sa poitrine dans le cadre d'une action combinée avec les pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT, qui comprend le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad) pour ramener la paix et la sécurité dans cette zone, selon M. Tatola.
Depuis plusieurs semaines, les services de renseignement et de sécurité tchadiens ont redoublé de vigilance aux points d'entrée du Cameroun. Aux entrées nord et sud de la capitale tchadienne et à l'intérieur du pays, les barrières se sont multipliées.
"Toutes nos frontières avec le Cameroun et le Nigeria, même avec la République centrafricaine et le Soudan, sont sécurisées. Il n'y a aucune crainte", a déclaré Abdérahim Birémé Hamid, ministre tchadien de l'Intérieur et de la Sécurité publique, dans une interview.
En même temps, quelque 700 hommes des Forces armées béninoises formés et équipés attendent également de rejoindre les troupes des pays voisins, notamment du Tchad, du Cameroun et du Niger, pour combattre la secte islamiste nigériane, a annoncé le président béninois Thomas Boni Yayi.
"Il [s'agissait] là d'une situation préoccupante qui interpelle aujourd'hui toute la communauté internationale dans sa lutte contre le terrorisme", a indiqué le chef de l'Etat béninois.
Le Bénin "s'est engagé à envoyer des troupes aux côtés des pays voisins et à demander à la Communauté internationale de se coaliser pour éradiquer les activités illicites
transfrontalières de groupes terroristes dans la sous-région ouest-africaine, notamment dans la bande sahélo-saharienne avec l'activisme de la secte Boko Haram", a-t-il déclaré.
Boko Haram, un groupe terroriste qui cherche à inscrire la charia, loi islamique, dans la Constitution nigériane et à éliminer toute éducation occidentale au Nigeria, s'est imposé comme une menace de sécurité majeure dans ce pays d'Afrique de l'Ouest depuis 2009.
On estime que près de 13.000 personnes ont été tuées, dont plus de la moitié en 2014, et qu'1,5 million de personnes ont été déplacées à cause des atrocités de ce groupe terroriste, qui est également responsable de l'enlèvement d'environ 300 lycéennes le 14 avril 2014 dans un lycée de l'Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria. – AfricaLog avec agence