Après l'élection de Barack Obama à la Maison Blanche, un "manifeste pour l'égalité réelle" publié dans le "Journal du Dimanche" préconise la mise en oeuvre d'une discrimination positive à la française et l'organisation d'un "Grenelle de l'égalité".
Intitulé "Oui, nous pouvons" en référence au slogan de campagne du démocrate Barack Obama "yes we can", cet appel a été lancé par Yazid Sabeg, enfant d'immigré devenu industriel. Il est notamment soutenu par Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Patrick Devedjian, secrétaire général du parti majoritaire, le député socialiste Arnaud Montebourg, la sénatrice Dominique Voynet (Verts) ou l'épouse du chef de l'Etat Carla-Sarkozy, qui ne fait cependant pas partie des signataires. "La société américaine a mis la diversité au coeur de sa démocratie, quand notre modèle d'intégration, fondé sur l'égalitarisme, ne produit que de la frustration et l'inertie sociale", s'insurge Yazid Sabeg dans le JDD. Dès lors, "il faut mettre en place l'action positive et forcer l'Histoire. L'égalité des chances, qui nous est chère, n'est qu'une obligation de moyens. On voit bien que ça ne suffit pas! Nous devons aller vers l'obligation de résultat", ajoute-t-il. Nicolas Sarkozy avait défendu avant son élection l'idée de discrimination positive. Mais "la nomination de ministres d'ascendance étrangère(...) ne change finalement rien à l'état d'injustice flagrant de notre société", estime M. Sabeg. "Et, depuis son élection, le président Sarkozy n'a rien fait pour améliorer le sort des minorités. Le Plan banlieue est une coquille vide, la dotation de solidarité urbaine est menacée...". Interrogée dimanche sur le sujet, Fadela Amara a dit ne pas être "favorable à la discrimination positive liée à la question de l'origine ethnique", car "ce n'est pas du tout notre projet républicain". Lors du "Grand Rendez-Vous" d'Europe-1/"Le Parisien/Aujourd'hui en France", la secrétaire d'Etat chargée de la politique de la Ville a apporté son soutien au manifeste, mais a rappelé que "la diversité suppose la diversité sociale et non pas uniquement ethnique". S'exprimant "en tant qu'enfant d'immigrés", Fadela Amara a souligné ne pas avoir "envie qu'on nous réduise ni à notre identité ethnique, encore moins à notre appartenance religieuse. On a tout simplement envie qu'on nous reconnaisse comme étant des citoyens français". "L'élection de Barack Obama éclaire par un contraste cruel les manquements de la République française et l'écart qui nous sépare d'un pays dont les citoyens ont su dépasser la question raciale et élire pour président un homme qui se trouve être noir", peut-on lire dans le manifeste. "En négligeant sa propre diversité, la France désespère une large frange de sa jeunesse et l'empêche d'être fière de son pays. Nous sentons partout la crispation identitaire, des sifflements de La Marseillaise aux rappels à l'ordre civique qui restent vains et incompris", prévient-il. Les signataires réclament donc la "mise en oeuvre effective d'un programme minimal pour l'égalité réelle" et préconisent notamment d'inciter "les employeurs et le premier d'entre eux, l'Etat, à mettre en place des politiques de promotion de la diversité, fondées sur l'obligation de résultat", de "limiter les mandats électoraux pour forcer le renouvellement du monde politique", de "soumettre les partis politiques à un pacte national de la diversité" et d'"organiser un Grenelle de l'égalité réelle et de la diversité". "Si j'étais seulement Carla Bruni la chanteuse, je signerais sans problème le manifeste pour l'égalité", souligne l'épouse du chef de l'Etat dans le JDD. "Mais je m'appelle Bruni-Sarkozy et mon nom m'appartient moins. Ce serait étrange de communiquer avec le pouvoir, donc mon mari, par pétition interposée". AP