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Laurent Gbagbo candidat contre "ceux qui n'aiment pas la Côte d'Ivoire"

Oct 16, 2009

Au pouvoir depuis neuf ans malgré la fin de son mandat en 2005, le président ivoirien Laurent Gbagbo s'est déclaré vendredi candidat à sa succession lors du scrutin officiellement prévu le 29 novembre, clamant sa volonté de combattre "ceux qui n'aiment pas la Côte d'Ivoire".

Au dernier jour de la période d'enregistrement des candidatures, M. Gbagbo a déposé dans la matinée la sienne, au nom de "la majorité présidentielle" (LMP) formée d'une dizaine de partis, au siège de la Commission électorale indépendante (CEI) à Abidjan.

Devant l'institution, un millier de personnes s'étaient rassemblées pour accueillir entre chants et danses le candidat, accompagné notamment du chef de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N'Guessan.

Les figures de proue des manifestations anti-françaises au plus fort de la crise, le leader des "jeunes patriotes" Charles Blé Goudé et la dirigeante des "femmes patriotes" Geneviève Bro Grébé, avaient aussi fait le déplacement.

L'épouse du chef de l'Etat, Simone Gbagbo, considérée comme une "dure" du régime, avait annoncé le 7 octobre qu'il "acceptait d'être candidat", lors d'une réunion publique à Anyama, au nord d'Abidjan.

Sans cesse ajourné depuis 2005, le scrutin est fixé au 29 novembre, mais un nouveau report apparaît de plus en plus probable, en raison des difficultés rencontrées dans l'élaboration de la liste électorale.

Inaugurant son QG de campagne, une villa du quartier chic de Cocody, M. Gbagbo s'est présenté comme "président à 100% et candidat à 100%".

"Je suis candidat pour continuer le combat que nous avons commencé. (...) En avant!", a-t-il lancé, promettant de poursuivre les réformes (école gratuite, décentralisation, "assurance maladie universelle"), qui "n'ont pas pu aboutir à cause de la guerre".

Elu en 2000, Laurent Gbagbo a été victime d'un coup d'Etat manqué en 2002, qui a plongé le pays dans une grave crise.

Il est depuis lors resté maître du seul sud ivoirien, le nord étant contrôlé par l'ex-rébellion, dont le chef Guillaume Soro est son Premier ministre dans le cadre du processus de paix lancé en 2007 à Ouagadougou.

Devant ses sympathisants, le président-candidat n'a pas attendu pour charger ses adversaires, entonnant le discours "patriotique" utilisé dans son camp depuis l'éclatement de la crise.

"Le combat est engagé contre ceux qui n'aiment pas la Côte d'Ivoire", a-t-il asséné.

Pour lui, l'élection "va mettre fin à une période et ouvrir une autre, tout en révélant des candidats de l'étranger".

Il visait ainsi implicitement ses deux principaux rivaux, l'ex-chef de l'Etat Henri Konan Bédié et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, régulièrement accusés par les siens d'être soutenus par l'ancienne puissance coloniale française.

"Il y a des gens qui roulent pour les autres en Côte d'Ivoire. Il y a des hommes et des femmes dont l'existence politique ne repose que sur les liens qu'ils ont avec l'étranger. Moi, mon lien c'est avec la mère nourricière, c'est à dire la Côte d'Ivoire", a-t-il insisté.

M. Gbagbo a profité de l'occasion pour présenter son directeur de campagne. Nommé il y a quelques mois directeur de cabinet adjoint du chef de l'Etat, Malick Issa Coulibaly est originaire du nord musulman du pays.

Il est issu du même puissant clan que le ministre de l'Agriculture Amadou Gon Coulibaly, qui dirige la campagne de M. Ouattara, "bête noire" de la mouvance présidentielle. - AFP