Le "Diamant de la paix" mis en vente directement par le gouvernement sierra-léonais a été adjugé lundi aux enchères 6,53 millions de dollars, une vente qui doit marquer une rupture avec l'ère des fameux "diamants du sang".
L'acquéreur est le joaillier britannique Laurence Graff, a indiqué, lors d'une conférence de presse à New York, Martin Rapaport, président du Rapaport Group, qui a organisé la vente et s'est engagé à ne pas percevoir de commission.
Le diamant de 709 carats (environ 140 grammes) avait été découvert en mars par des employés d'une société de prospection minière dirigée par un pasteur évangélique, Emmanuel Momoh, dans la province diamantifère de Kono (est).
Le pasteur Momoh avait remis le diamant non taillé au gouvernement sierra-léonais, qui s'est engagé à le vendre et à lui reverser 26% du produit de la cession, soit 1,69 million de dollars, dont 339.000 dollars iront aux cinq employés à l'origine de la découverte.
Le gouvernement a aussi assuré que les 74% restants iraient pour l'essentiel (59%) à l'administration fiscale, ainsi qu'au fonds pour le développement de la région diamantifère (15%).
Le prix de vente est inférieur à celui qui avait été proposé lors d'une première vente en avril en Sierra Leone, soit 7,1 millions de dollars, opération annulée à l'époque par le gouvernement qui avait jugé le montant insuffisant.
"Peut-être est-ce le prix de la transparence", a commenté Martin Rapaport au sujet de l'ajustement à la baisse.
L'objectif du président Ernest Bai Koroma et de son gouvernement était ainsi d'encourager la prospection à rompre avec l'ère des "diamants du sang", ces pierres précieuses qui ont servi à financer des conflits en Afrique, notamment en Sierra Leone (1991-2002), via des trafics qui échappaient aux autorités.
"C'est un jour historique pour nous", a ainsi déclaré le porte-parole du président Koroma, Abdulai Bayraytay, présent lors de la conférence de presse.
"Nous avons changé l'histoire", a-t-il poursuivi, assurant que le produit de la vente de ce diamant allait "contribuer à transformer la vie des Sierraléonais".
Ces derniers ne demandent pas mieux: avec l'argent de la mise en vente, le gouvernement devrait garantir "de l'eau, de l'électricité et de bonnes routes au peuple", a ainsi réclamé Gibril Sesay, vendeur en Sierra Leone.
"Le montant acquitté pour le diamant était bien plus bas qu'attendu", a pour sa part regretté Beatrice Cole, une fonctionnaire qui regardait à Freetown l'enchère retransmise en direct à la télévision.
"Je crois que ce que j'ai commencé va se poursuivre", a lui déclaré le pasteur Momoh lors de conférence de presse, encourageant d'autres à imiter sa démarche. - AfricaLog avec agence