Le leader de l'opposition zimbabwéenne Morgan Tsvangirai a finalement accepté de participer lundi à un mini-sommet régional à Harare après avoir boycotté une première rencontre destinée à sortir le Zimbabwe de la crise. "Nous ne boycotterons pas le meeting de lundi (...) On espère que cette rencontre permettra de conclure la question du partage du pouvoir", a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition), Nelson Chamisa. "Cette tribune nous permet de donner notre position sur une répartition équitable des ministères clés", s'est-il justifié, tout en accusant le parti au pouvoir "de ne pas être sincère sur l'accord de partage du pouvoir" signé le 15 septembre. M. Tsvangirai, qui selon les termes de l'accord devient Premier ministre, et le président Robert Mugabe, 84 ans dont 28 à la tête de l'Etat, buttent depuis plus de cinq semaines sur la répartition des portefeuilles clés dans un futur gouvernement d'union. Faute de passeport, le leader de l'opposition avait refusé d'assister le 20 octobre à un sommet régional au Swaziland consacré notamment à la situation au Zimbabwe. Les autorités à Harare ne lui avaient délivré qu'un document temporaire de voyage, ce qui avait été perçu comme une "humiliation".
La Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) avait alors décidé, à l'issue de cette rencontre, de reporter les discussions au 27 octobre à Harare. Mais le MDC avait laissé planer le doute sur la participation de son leader, exigeant qu'il ait un nouveau passeport d'ici là . Face à cette menace, le chef de l'Etat sud-africain, Kgalema Motlanthe, également président de la SADC, a exhorté M. Tsvangirai à participer à cette réunion, soulignant que ce problème ne pouvait être résolu que "par le dialogue et la négociation". "Quand on cherche une solution à un problème, on discute avec ceux qui ne sont pas d'accord. On ne peut faire la paix avec ses amis. On fait la paix avec ses ennemis et il est donc impératif pour toutes les parties au Zimbabwe de profiter de cette opportunité", a-t-il déclaré vendredi matin à la radio SAFM. En boycottant le sommet organisé au Swaziland, Morgan Tsvangirai a prouvé que sa présence était indispensable pour un règlement du conflit mais, selon Eldred Masunungure, professeur de sciences politiques à l'Université du Zimbabwe, il ne pouvait poursuivre ce bras de fer très longtemps. L'opposition sait "que tout boycott éloigne le MDC de la région", a-t-il expliqué. "Boycotter la réunion de lundi aurait un effet négatif. Ils doivent jouer le jeu des négociations de l'intérieur et non de l'extérieur (...) Ils ont besoin d'être perçu comme partie prenante dans la recherche d'une solution plutôt que de mauvaise volonté", a estimé l'analyste. Le roi du Swaziland Mswati III, qui préside la troïka de la SADC, est attendu lundi à Harare aux côtés de représentants des deux autres membres de cet organe de sécurité, le Mozambique et l'Angola. Le président sud-africain sera également présent pour tenter de sortir le pays de la crise, née de la défaite historique du régime aux élections générales fin mars. Parallèlement à cette impasse politique, une crise économique sans précédent frappe le Zimbabwe. Cet ancien grenier à blé de la région connaît le plus fort taux d'inflation au monde avec 213 millions %, un taux de chômage proche des 80% et près de la moitié de la population est menacée de famine.