Médecins sans frontières a prévenu samedi qu'un manque chronique de médicaments contre le SIDA dans six pays africains pourrait coûter des milliers de vies et remettre en cause les progrès faits dans la lutte contre la pandémie sur le continent.
"Partout autour de nous, les cliniques arrêtent de prendre en charge des patients parce qu'il n'y a tout simplement pas assez de médicaments antirétroviraux", explique Eric Goemaere, chef de mission MSF en Afrique du Sud. "Les listes d'attente s'allongent de jour en jour, mettant en péril la vie des patients avant même qu'ils aient commencé un traitement. C'est incroyable qu'un programme Sida qui fonctionne relativement bien puisse être handicapé en quelques semaines à peine", s'indigne Eric Gomaere, coordinateur médical pour l'Afrique du Sud de l'ONG. Pour lui, l'apathie des gouvernements, des donateurs et des organisations avec lesquelles il travaille sont à blâmer, ainsi que le contexte économique mondial. "Il n'y a aucun doute que des gens vont mourir de ce fait. C'est une catastrophe en marche" a insisté le médecin français, à la veille de l'ouverture du congrès de l'International AIDS Society au Cap. "Soit nous allons de l'avant, soit nous retomberons" a résumé le Dr Julio Montaner, président de la conférence, qualifiant le moment de crucial. "MSF est extrêmement préoccupée par le manque d'actions concrètes de la part des gouvernements, des partenaires et des bailleurs internationaux, en vue d'assurer un financement et un approvisionnement continus en antirétroviraux et autres médicaments essentiels", confirme Meinie Nicolai, directrice des opérations de MSF. L'association intervient notamment en Afrique du Sud et au Malawi, et elle a constaté des ruptures de stocks en médicaments antirétroviraux en Ouganda, au Congo Kinshasa, au Zimbabwe et en Guinée. AP