Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, auteur du coup d'Etat d'août 2008 en Mauritanie, est donné dimanche vainqueur au premier tour de l'élection présidentielle de la veille, un résultat rejeté à l'avance par l'opposition qui réclame une enquête internationale.
Cette élection, censée fermer la parenthèse ouverte par le putsch contre le premier chef d'Etat démocratiquement élu du pays, offrait à l'ancienne colonie française l'occasion de retrouver la confiance de ses partenaires et donateurs. Mais un groupe d'opposants, parmi lesquels deux des principaux adversaires d'Abdel Aziz dans les urnes - Ahmed Ould Daddah, figure de l'opposition, et Ely Ould Mohamed Vall, un ancien putschiste -, en a dénoncé par avance les résultats. "En premier lieu, nous rejetons ces résultats fabriqués à l'avance; nous demandons par ailleurs à la communauté internationale de mettre en place une commission d'enquête pour faire la lumière sur le processus électoral", écrivent-ils dans une déclaration commune diffusée dimanche. Selon Mohamed Ould Biya, porte-parole du groupe, des listes électorales ont été falsifiées et des électeurs ont utilisé de fausses cartes d'identité en faveur d'Abdel Aziz. Les résultats diffusés à 12h30 GMT par la commission électorale indépendante, portant sur 80% des bureaux de vote, créditent le général Abdel Aziz de 52,3% des voix. Ahmed Ould Daddah obtiendrait 13,8%, Ely Ould Mohamed Vall aurait récolté 3,8% et Messaoud Ould Boulkheir, un autre candidat opposé à Abdel Aziz, recueillerait 7,7%. "Il semble tout à fait clair pour moi que ce à quoi nous assistons est un simulacre d'élection", a déclaré ce dernier. UN EXEMPLE POUR LA RÉGION Le ministère de l'Intérieur doit annoncer les résultats définitifs dans le courant de la journée. Abdel Aziz n'a pas proclamé sa victoire mais il avait affirmé lors de la campagne qu'il se pensait en mesure de l'emporter dès le premier tour. Ni l'Union européenne, ni les Nations unies n'avaient envoyé d'observateurs en Mauritanie. Plus de 200 délégués de diverses organisations, dont l'Union africaine et la Ligue arabe, ont surveillé le déroulement du scrutin. Samedi soir, la délégation de l'Union africaine a jugé que l'élection avait été transparente et a souligné l'importance de la participation. L'UE, qui a gelé à la suite du coup d'Etat de 2008 une aide de 156 millions d'euros allouée pour la période 2008-2013, se refuse à travailler avec un gouvernement militaire, mais a promis de reprendre sa coopération si le pays renouait avec la démocratie. La Mauritanie avait été applaudie dans le monde pour les élections présidentielles libres qui avaient mis fin en 2007 à deux décennies de régime militaire. "Mais elle a perdu avec le dernier coup d'Etat son image attrayante", déplore un diplomate en poste dans la capitale. La communauté internationale attendait aussi de ce scrutin qu'il serve d'exemple au reste de la région, où les crises politiques et constitutionnelles se sont multipliées ces derniers mois. – Reuters