Benoît XVI, prononçant son dernier grand discours de son périple en Afrique, a mis au défi dimanche les Africains d'oublier les guerres civiles, la corruption et les conflits tribaux du passé pour se projeter dans un avenir de paix et de prospérité.
Le pape bavarois a célébré à Luanda une messe en plein air devant une marée humaine estimée par la police et les organisateurs à un million de fidèles environ. Il a tenu à prier pour les deux adolescentes tuées la veille dans une bousculade, lors d'un rassemblement de jeunes dans un stade de la capitale angolaise. "Je souhaite rendre à l'occasion de cette messe un hommage particulier aux deux jeunes filles qui ont perdu la vie en entrant dans le stade de Coqueiros", a-t-il déclaré au début de son office. "Soyons certains que Dieu les accueillera en son royaume". La bousculade a fait une quarantaine de blessés, selon le bilan communiqué par les autorités au Vatican.
Dans son homélie, le pape octogénaire, abrité du soleil par un immense dais, a martelé le message qu'il délivre depuis le début de son premier voyage sur le continent: que l'Afrique se débarrasse de ses maux endémiques. Selon lui, l'Afrique a trop souvent été le témoin "du pouvoir destructeur des guerres civiles, d'une descente dans un maelström de haine et de vengeance, du gaspillage des efforts de générations de justes". "De manière tragique, les nuées du Mal ont également obscurci ce continent, y compris l'Angola chère à notre coeur", a-t-il dit en référence à la guerre d'indépendance contre le colonisateur portugais jusqu'en 1975, puis à une guerre civile de 27 ans qui s'est achevée en 2002. APPEL A LA PAIX EN RDC "Nous songeons au fléau de la guerre, aux poisons meurtriers des rivalités tribales et ethniques, à la cupidité qui corrompt le coeur des hommes, fait des pauvres des esclaves et dérobe aux générations à venir les ressources dont elles auraient besoin pour créer une société plus juste et plus équitable, une société authentiquement africaine dans son génie et ses valeurs". Avant de prononcer la traditionnelle bénédiction dominicale, le successeur de Jean Paul II a qualifié l'Afrique de "grand continent débordant d'espoir, et pourtant si assoiffé de justice et de paix (...)." Le pape a aussi lancé un appel à la paix particulièrement destiné à la RDC voisine, l'ex-Congo belge déchiré par d'interminables conflits armés dans l'Est. "Le Saint-Père a dit la vérité sur la violence et la corruption en Afrique", a commenté dans la foule un fidèle prénommé Aristote. "Mais même avec ce message fort destiné à nos dirigeants, il sera très difficile de changer les choses". Benoît XVI, qui devait se rendre par la suite dans un centre de promotion des droits des femmes, s'envolera lundi matin pour Rome. Son voyage en Afrique - le premier depuis le début de son pontificat il y a quatre ans - a été obscurci par un début de polémique sur le sida, qui touche surtout ce continent. Dans l'avion l'emmenant au Cameroun, le pape avait déclaré aux journalistes que l'utilisation du préservatif "aggravait" le problème du sida. – Reuters