Le Congrès progressiste (APC) du président élu Muhammadu Buhari a pris le contrôle dimanche au Nigeria de plusieurs États-clés et a conservé son assise à Lagos lors des élections locales, deux semaines après sa victoire historique à la présidentielle.
Le Parti démocratique populaire (PDP) régnait en maître sur la présidence et sur la majorité des 36 États de la fédération depuis la fin des dictatures militaires et le retour de la démocratie au Nigeria, en 1999.
Au niveau national, l'APC prendra le pouvoir le 29 mai, avec l'investiture de M. Buhari. Il s'agit de la première alternance par les urnes, dans le pays le plus peuplé d'Afrique (173 millions d'habitants) et la première puissance économique du continent.
Au niveau régional, selon les premiers résultats annoncés par la Commission électorale indépendante (Inec), l'APC s'est emparé du siège de gouverneur dans les États de Kaduna et Katsina, au nord, jusqu'ici aux mains du PDP, ce qui n'est pas une surprise, pour les commentateurs.
A Kaduna, Nasir El-Rufai, qui vient d'être élu gouverneur, bénéficiait d'une grande popularité sur le terrain; et Katsina est l'État d'origine de M. Buhari.
Dans l'Adamawa, un des trois États du nord-est les plus durement touchés par l'insurrection islamiste de Boko Haram, les résultats officiels n'ont pas encore été annoncés, mais le candidat du PDP, Nuhu Ribadu, a déjà reconnu sa défaite via un communiqué envoyé à la presse, suggérant une autre victoire de l'APC.
L'APC ne détenait, avant ce scrutin, que 14 des 36 États de la fédération nigériane, tandis que le PDP en contrôlait 21 - auxquels s'ajoute un État détenu par un petit parti d'opposition.
Mais selon les résultats partiels non officiels, le parti de M. Buhari a de fortes chances de ravir la majorité au PDP au terme de ces élections des gouverneurs, avec des victoires très probables dans au moins trois autres États jusqu'ici PDP.
Un scrutin «relativement pacifique»
Selon la Commission électorale indépendante (Inec), les élections des gouverneurs, qui avaient lieu dans 29 États de la fédération, et des Assemblées locales, organisées dans l'ensemble des 36 États, se sont déroulées samedi de manière «relativement pacifique», malgré une soixantaine d'incidents violents dans tout le pays.
«Les choses se sont bien passées. Nos bureaux de vote ont ouvert à l'heure pour la plupart, et les lecteurs (de cartes biométriques) ont bien fonctionné» a estimé le porte-parole de l'Inec, Kayode Idowu.
Chez le géant d'Afrique de l'Ouest, jusqu'ici habitué à d'importantes violences électorales, l'élection présidentielle avait déjà constitué une bonne surprise: les violences sont restées très limitées, le perdant acceptant sa défaite et le scrutin ayant été qualifié de «démocratique» par les observateurs.
Les postes de gouverneurs sont convoités. Ils tiennent les cordons de la bourse dans des domaines-clés tels que l'éducation, la santé et les infrastructures, et leurs actions ont souvent plus d'impact direct sur la population que celles du président. À l'échelle du pays, ils représentent un pouvoir collectif fort face aux autorités d'Abuja.
Les opérations de vote ont dû être prolongées dimanche dans certains endroits, notamment dans l'État stratégique de Rivers (sud), où selon l'Inec, certains bureaux n'ont pu ouvrir samedi faute de matériel électoral. Des bulletins ont également été volés dans d'autres bureaux. Une quinzaine d'incidents violents se sont produit.
C'est de cet État que provient une grande partie de la production pétrolière et gazière du premier producteur d'or noir africain. Le gouverneur sortant, Rotimi Amaechi, un ancien pilier du PDP, a rejoint l'APC en cours de mandat, et Rivers est le théâtre de tensions et de violences sporadiques, qui ont éclaté pendant la présidentielle et se sont poursuivies samedi.
L'État de Lagos, qui abrite la plus grande ville - 20 millions d'habitants - et le poumon économique du pays, faisait partie des enjeux cruciaux de ce scrutin.
On craignait des violences post-électorales, dans la mégalopole, au terme d'une campagne très rude entre Akinwumi Ambode, le candidat choisi par l'APC pour succéder au très populaire Babatunde Fashola, et Jimi Agbaje, du PDP.
Mais M. Agbaje a rapidement reconnu sa défaite, à près de 200 000 voix d'écart, et il a félicité M. Ambode, vainqueur du scrutin. - AfricaLog avec agence