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Le piège de l’inculpation de Moussa Dadis Camara

Jul 17, 2015
Le piège de l’inculpation de Moussa Dadis Camara

«Depuis le début de l’instruction, les victimes que nous accompagnions dans cette procédure, craignaient que Claude Pivi, en raison des fonctions qu’il occupe et de sa place dans la hiérarchie militaire, échappe à la justice. Les juges d’instruction ont apporté un premier élément de réponse en l’inculpant formellement. M. Pivi est présumé innocent et il va désormais pouvoir préparer sa défense, mais c’est déjà une première victoire pour les parties civiles et plus largement dans la lutte contre l’impunité en Guinée», déclarait Thierno Maadjou Sow, le Président de l’OGDH au lendemain de l’inculpation du lieutenant-colonel Claude Pivi le 27Juin 2013 pour meurtres, viols, pillages, incendies, coups et blessures volontaires survenus lors des événements du 28 Septembre 2009 au stade du même nom à Conakry.

Comme Claude Pivi alias «Koplan», un des suspects principaux, le capitaine Moussa Dadis Camara, qui était Président du CNDD au moment des faits a été inculpé le 8 Juillet 2015 pour complicité d'assassinats, séquestrations, viols, coups et blessures.

La classe politique guinéenne, les organisations de défense des droits de l’Homme avaient exprimé leur satisfaction après l’inculpation de Pivi presque unanimement. Claude Pivi avait alors confié aux juges, «je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés».

Contrairement à l’inculpation de Claude Pivi, l’inculpation de Moussa Dadis Camara ne fait pas l’unanimité alors que selon des témoins, son aide de camp Toumba Diakité dirigeait les opérations au stade.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme (HCDH) de l’ONU a salué l’acte d’accusation et affirme que cela constitue une étape importante dans la lutte contre l’impunité. L'Association des victimes et parents des victimes du massacre du 28 septembres (Avipa), L'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme (OGDH), la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), Human Rights Watch (HRW), le parti au pouvoir (RPG-Arc-en-ciel) abondent dans le même sens.

Après l’inculpation de Dadis, le chef de file de l’opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo a déclaré: «Je suis contre l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Et c’est ce qui arrive, malheureusement, depuis que Dadis a décidé de s’engager en politique. Il a décidé de nouer une alliance avec l’UFDG, les choses se sont accélérées».

Au risque d’aliéner les organisations de défenses des droits de l’Homme et les militants de son parti qui étaient en grande majorité les victimes du massacre, le leader de l’UFDG s’est prononcé contre l’inculpation de l’un des suspects du massacre qui est devenu son allié politique.

Il est évident que Cellou Dalein Diallo est face à un dilemme. La politique peut être cruelle. Comment naviguer ce piège politico-judiciaire? Qu’est ce qui va se passer? Quand est-ce que le procès va démarrer ? Tant de questions à l’approche de la présidentielle.

Ce que beaucoup d'observateurs ignorent, c’est que lors du massacre, la junte traversait une période de rivalité entre les chefs. Claude Pivi et Toumba Diakité étaient des adversaires. Pivi et Moussa Dadis Camara n’étaient presque plus en odeur de sainteté car Dadis avait dévolu toute sa confiance à Toumba, méprisant «Koplan» qui prendra sa revanche en restant loyal à Sékouba Konaté lors de la transition dirigée par ce dernier. Des révélations lors du procès pourront surprendre les observateurs.

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