Le Premier ministre du gouvernement d'union nationale zimbabwéen, Morgan Tsvangirai, s'est dit satisfait de sa tournée internationale qu'il bouclait à Paris, bien qu'il ait obtenu peu de promesses d'aide concrètes, alors que de son côté l'ONU mettait à nouveau en garde contre le risque de pénuries alimentaires au Zimbabwe.
A Paris, où il achevait une tournée de près de trois semaines, M. Tsvangirai, le chef de l'opposition zimbabwéenne, a obtenu un soutien politique, mais ses interlocuteurs français ont précisé que toute aide à son pays serait confiée à des ONG, et pas à un gouvernement toujours dirigé par le président Robert Mugabe. De nombreux pays occidentaux veulent voir Mugabe quitter le pouvoir et sont réticents à accorder directement à son gouvernement une aide substantielle ou des dons pour soutenir le pays. "Pourquoi les fonds vont-ils aux ONG et pas au gouvernement? Pour nous, là n'est pas la question", a affirmé M. Tsvangirai devant la presse à Paris. "Les fonds qui sont donnés vont aux Zimbabwéens." M. Tsvangirai a également affirmé qu'il n'était "pas du tout déçu" des promesses d'aide limitées qu'il a obtenues durant sa tournée, ajoutant que son voyage était avant tout destiné à construire une "nouvelle relation de politique étrangère". "La France soutient le gouvernement d'union nationale", a déclaré le secrétaire d'Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie Alain Joyandet, après un entretien avec M. Tsvangirai. Paris est "très volontaire pour reprendre des relations complètement normalisées", a-t-il précisé. Les détails de l'aide française aux Zimbabwéens devaient être discutés ultérieurement jeudi. "Les aides aux ONG sont prioritaires pour l'instant", a souligné M. Joyandet, qui n'a toutefois pas exclu que la situation évolue vers l'octroi d'une assistance directe au gouvernement de Harare. M. Tsvangirai s'est entretenu jeudi avec le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner et devait rencontrer dans la journée le Premier ministre François Fillon. Vendredi, il aura également une entrevue avec la ministre de l'Economie Christine Lagarde. Le Zimbabwe affiche le taux d'inflation le plus élevé au monde, a subi une épidémie de choléra qui a fait des milliers de morts et souffre de pénuries alimentaires. Beaucoup jugent le président Mugabe responsable du désastre, mais sont aussi de plus en plus critiques à l'égard de M. Tsvangirai, estimant que le gouvernement n'agit pas assez vite pour mettre fin à la crise économique et humanitaire dans le pays. A l'occasion de la visite de Morgan Tsvangirai en Grande-Bretagne, le Premier ministre britannique Gordon Brown a promis pour cinq millions de livres sterling (5,9 millions d'euros) d'aide supplémentaire au Zimbabwe qui sera distribuée par des ONG. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti jeudi que le Zimbabwe restait menacé par les pénuries alimentaires malgré une amélioration de la production agricole et davantage d'importations cette année. Dans un rapport conjoint, les deux agences onusiennes estiment que 2,8 millions de Zimbabwéens seront confrontés à des pénuries alimentaires cette année. Morgan Tsvangirai a présenté sa tournée internationale comme destinée à améliorer les relations avec les dirigeants occidentaux, qui accusent Robert Mugabe de bafouer la démocratie et de ruiner son pays. A Washington, le président américain Barack Obama s'est montré sceptique sur les chances de M. Tsvangirai de redresser son pays en partenariat avec Mugabe. L'Union européenne a de son côté expliqué qu'elle souhaitait voir des progrès sur les droits de l'Homme avant de rétablir son aide au Zimbabwe. AP