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Les dessous de la Maison d’arrêt de Conakry

Nov 12, 2015
Les dessous de la Maison d’arrêt de Conakry

Une tentative d’évasion jugée spectaculaire à la Maison d’arrêt de Conakry le lundi 9 novembre a levé un coin de voile sur des pratiques de circulation de stupéfiants dans cette prison, la plus grande du pays. Les organisations de défense des droits de l’homme s’étaient régulièrement révoltées contre ce qu’elles appellent les conditions de détention inhumaine et dégradante à la maison centrale de Conakry, mais elles étaient loin de se douter que ce lieu était devenu une plaque tournante de la drogue.

Avec ses murs en lambeau, l’odeur d’urine et d’excréments qui vous étreignent dès que vous y aventurer, la maison centrale de Conakry ressemble, dit-on, à un mouroir. Elle a été construite dans les années 50 pour abriter un peu moins de 300 prisonniers. De nos jours, elle abrite plus de 2000 prisonniers, entachés, sans mesure d’hygiène. Et la quasi-totalité des prisonniers ont mis près de deux ans, voire trois ans en attendant un procès pour des délits souvent mineurs.

Les organisations de défenses des droits de l’homme ont régulièrement dénoncés cette mauvaise conditions carcérales. M. Ibrahima Béavogui, le responsable en charge de la communication du ministère de la justice est souvent monté au créneau pour dénoncer la précarité dans laquelle fonctionne les gardes pénitentiaires et les axillaires de justice.
Mais, il a fallu cette tentative d’évasion des prisonniers cette semaine pour amener les autorités guinéennes à comprendre que ce lieu est aussi un mini cartel où des barons font circuler la drogue

Le procureur général près la Cour d’appel de Conakry, Mandjour Cherif est apparu à la télévision nationale mardi soir pour déclarer qu’un garde pénitentiaire appelle Kpakilé Konomou transportait dans son sac une quantité importante de chanvre indien destiné à un réseau interne au sein de la population carcérale.»

Le procureur a déclaré que le lundi 09 novembre, au cours de son compte-rendu matinal, le gardien-chef a révélé au régisseur que deux citoyens Mohamed Sylla et Mohamed Cissé interrogés ont reconnu les faits et dénoncé certains codétenus. De fil en aiguille, les autorités judiciaires ont découvert que la drogue circulait bel et bien dans cette prison. Une enquête relative à cette drogue et à des armes que les prisonniers ont utilisés lorsqu’ils se sont mutinés est donc ouverte.

Un élément de la prison qui requiert l’anonymat indique que cette découverte est une première dans l’histoire de la maison d’arrêt de la capitale guinéenne.

Des voix s'élèvent au sein de la population pour dire aux autorités guinéennes de transférer la prison centrale. «C'est en Guinée seulement que vous voyez une prison en pleine capitale. Ce qui s'est passé lundi dans cette prison a fait peur aux citoyens et même aux étrangers. C'est dommage», regrette Alseny Camara habitant de la commune de kaloum.

Cette affaire va certainement accélérer les procédures judiciaires de ces prisonniers.

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