Des milliers d'Israéliens d'origine éthiopienne, les "Falashas", ont protesté dimanche dans le centre de Tel-Aviv contre les violences policières et la discrimination dont ils se disent victimes. La manifestation a dégénéré. Environ 30 personnes ont été blessées.
La large diffusion dans la presse israélienne d'une vidéo montrant deux policiers en train de frapper un soldat d'origine éthiopienne en uniforme militaire a suscité la colère de cette communauté. A la suite de cet incident, les deux agents avaient été suspendus.
Dimanche, trois jours après un rassemblement semblable à Jérusalem, qui avait fait 13 blessés, des centaines d'autres Israéliens sont venus soutenir les manifestants, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Un policier violent devrait être en prison" ou "Nous demandons l'égalité des droits". Certains ont défilé les mains levées, poignets croisés, simulant des menottes.
Quelque 10'000 personnes étaient dans les rues, selon la presse israélienne, 3000 selon les forces de l'ordre. Une voiture de police a été retournée et les agents en tenue anti-émeute ont essuyé des jets de pierres, de bouteilles et de chaises. Canons à eau et grenades assourdissantes ont été utilisés pour éloigner des manifestants et les empêcher d'attaquer la mairie.
Plusieurs d'entre eux ont été arrêtés, a indiqué la porte-parole de la police, Luba Samri. Selon le dernier bilan, au moins 23 policiers et sept manifestants ont été blessés dans des heurts.
Les manifestants avaient auparavant bloqué la circulation pendant une heure sur l'autoroute Ayalon, principale voie d'accès à la ville. La place Rabin, théâtre de l'essentiel des heurts, s'est vidée dans la soirée, mais des petits groupes restaient mobilisés ailleurs.
"Je suis noir, alors je dois manifester aujourd'hui", a expliqué l'une des personnes présentes. "Je n'ai jamais personnellement connu la violence policière, mais elle frappe ma communauté", a-t-elle dit.
Les manifestants veulent que les policiers violents soient jugés. "Ensuite, selon un autre manifestant, nous nous occuperons de toutes les autres institutions qui entubent les Ethiopiens" en Israël.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dimanche qu'il rencontrerait lundi Damas Pakada, le soldat d'origine éthiopienne battu dans la vidéo, ainsi que d'autres représentants de la communauté éthiopienne qui vit en Israël. "Toutes les revendications seront étudiées mais la violence et de tels troubles n'ont pas leur place", a-t-il dit, cité dans un communiqué.
Au total, plus de 135000 juifs d'origine éthiopienne vivent en Israël. Ils descendent de communautés restées coupées des autres juifs pendant des siècles, que les autorités religieuses d'Israël ont tardivement reconnues comme membres de la foi juive. - AfricaLog avec agence