«La grève est un droit constitutionnel », reconnait le Gouvernement. Après l’échec, pour, des pourparlers entre le gouvernement et les six centrales syndicales signataires de l’avis de grève générale du 26 décembre 2014 et effectivement entré en vigueur le 5 janvier 2015, le gouvernement a multiplié les annonces pour expliquer à l’opinion, ce qui s’est passé pendant les discussions entre les deux parties, durant les 5 derniers jours.
D’entrée de jeu, dans toutes les sorties médiatiques, le gouvernement reconnaissait la légitimité de la grève. Toutefois, donnant sa part de vérité quant à ses propositions qui tiendraient compte des réalités socioéconomiques du pays.
Ainsi, le porte-parole de l’équipe commence par remonter le cours de l’histoire:
«Depuis le 1er Janvier 2014, des négociations tripartites (gouvernement-patronat-syndicats) ont été entamées afin de répondre aux revendications contenues dans l’avis de grève émis le 26 Décembre 2014 par six centrales syndicales (CNTG, USTG, UDTG, CGSL, CGTG, UGTG).
Cet avis de grève concernait la gestion, par le gouvernement, de certaines revendications contenues dans de précédents protocoles d’accord et de nouvelles réclamations».
Le ministre Albert Damantang Camara de situer: «Au cours des discussions, le Gouvernement a fait l’état des lieux des accords précédents. Il a énuméré les points qui avaient été satisfaits, ceux qui étaient en cours et enfin ceux qui souffraient de retard. Pour ces deux derniers points, le Gouvernement a donné d’amples explications sur les motivations de ce retard».
Selon lui, «L’un des points principaux des revendications syndicales était l’actualisation de la grille salariale accompagnée d’une demande d’augmentation des salaires». Cela étant, poursuit le ministre, «Le Gouvernement a expliqué que si l’actualisation de la grille salariale s’imposait et ne posait que des problèmes d’expertise, l’augmentation des salaires était difficilement envisageable dans le contexte actuel». Il argumente: «En effet, la récession économique que la Guinée traverse depuis plusieurs mois et qui va se poursuivre jusqu’à la fin de l’épidémie Ebola et au-delà , prive notre pays des ressources nécessaires à l’application d’une telle mesure».
C’est ainsi, indique le ministre Damantang, «Après de longues discussions, le Gouvernement a proposé de procéder à une augmentation de salaires de 40% échelonnée de la manière suivante : 15% en avril, 15% en juillet et 10% en octobre 2015. Le syndicat a catégoriquement refusé cette dernière proposition en exigeant une augmentation de 50%. Le Gouvernement a rappelé qu’une telle augmentation n’était pas soutenable par notre budget et qu’elle compromettrait nos différents programmes avec nos partenaires financiers».
Le Secrétaire général de la CNTG, Ahmadou Diallo, justifie la position du syndicat:
«Dans la grille de salaires que le gouvernement et les syndicalistes ont conçu aux mois de juillet et d’août derniers, celle-ci a été effectivement transmise au gouvernement depuis le 25 août 2014 mais, très malheureusement, cette grille n’a pas été observée comme on le souhaitait. Toutefois, après avoir fait des analyses très approfondies de ladite grille, nous avons constaté qu’il y a des irrégularités et des anomalies dans la version transmise au gouvernement. C’est pourquoi, nous exigeons que cette nouvelle grille connaisse des aménagements en tenant compte des constats faits. Nous avons dit pour que nous ayons des éléments de rechange, il faudrait que nous donnions quelque chose de positif aux travailleurs en attendant le toilettage à l’interne.
Pendant les discussions, le gouvernement a fait une proposition aux syndicats à hauteur de 30 % à compter du premier 1er juillet 2015, une proposition que nous rejetons. Nous avons dit que nous nous ne sommes pas d’accord sur les 30%. Et en plus, la date de son application est éloignée».
Albert Damantang de revenir: «Le Gouvernement a non seulement demandé au syndicat de revoir ses prétentions mais également de suspendre la grève le temps qu’un accord soit trouvé, ceci afin de prendre en compte, notamment, l’urgence sanitaire nationale».
Il va soutenir par les démarches menées afin d’éviter la grève mai, souligne-t-il, «les différentes centrales syndicales ont décidé d’aller en grève». C’est ce qui est fait depuis le 5 janvier 2015.
Après avoir déploré cet état de fait, le ministre Camara réaffirme que «Le traitement que le Gouvernement accorde à ces revendications répond au souci de trouver un équilibre entre la préservation de la paix sociale, la poursuite de la lutte contre la propagation de l’épidémie et le maintien de nos équilibres macroéconomiques».
Il rappelle les efforts de son équipe à satisfaire les travailleurs depuis 2011 à travers, «une augmentation des salaires de 110% entre 2011 et 2014. A titre d’exemple, en 2010 un fonctionnaire stagiaire de la hiérarchie A touchait 536 000 Gnf, aujourd’hui il perçoit 1 138 800. Le fonctionnaire au plafond touchait 979 300 Gnf, il touche aujourd’hui 2 136 940 Gnf».
Le porte-parole des centrales syndicales de souligner de son côté que «Cette grève n’est pas pour aller dans la rue ou de casser les biens d’autrui. Elle veut dire tout simplement de rester à la maison et d’observer une certaine discipline qui consiste à voir les résultats positifs relatifs à nos revendications projetées».
Le porte-parole du Gouvernement quant à lui, a martelé que «la liberté et la sécurité doivent être assurées à tous ceux qui se rendront sur leurs lieux de travail» et que «Le Gouvernement assurera la sécurité des travailleurs et des citoyens sur l’ensemble du territoire national».
Albert Damantang Camara a conclu en soutenant que la porte des négociations reste ouverte par le gouvernement.
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