Réunie dans une nouvelle coalition, l'opposition nigérienne a affirmé lundi vouloir «imposer» des «élections transparentes» en 2016 au pouvoir, qu'elle soupçonne de vouloir «instrumentaliser» les institutions responsables des scrutins.
Le Niger n'a jamais connu d'alternance démocratique pacifique depuis l'organisation des toutes premières élections démocratiques en 1993. Toutes les crises politiques graves que le pays a vécues ont débouché sur des coups d'État.
«Nous décidons d'imposer au président Mahamadou Issoufou (...) l'organisation d'élections inclusives, libres, transparentes, équitables», ont indiqué une trentaine de partis d'opposition, des ONG et des syndicats dans un communiqué, dans lequel ils annoncent la création d'une nouvelle coalition, le «Front patriotique et républicain (FPR)».
Ce Front est notamment composé des principales figures de l'opposition, dont son chef de file Seïni Oumarou, l'ex-président Mahamane Ousmane et Hama Amadou, l'ancien président du Parlement, en exil depuis un an en France après son implication dans un trafic présumé de bébés.
Ces soupçons de l'opposition persistent en dépit des assurances données par le président Issoufou «d'organiser des élections transparents», dont la présidentielle, à laquelle il sera candidat pour un second et dernier mandat.
«Je ne cautionnerai pas l'organisation d'élections truquées», a assuré M. Issoufou, à l'occasion du 55e anniversaire de l'indépendance du Niger le 3 août.
Il a promis que «la transparence et l'équité» des élections, «généralement observées» au Niger, «seront respectées».
Depuis deux ans, les opposants accusent le président Issoufou, au pouvoir depuis 2011, de provoquer des scissions au sein de leurs formations, notamment «à coups d'argent» et «de marchés publics», pour assurer sa réélection en 2016.
Mais pour les partisans du président, ces crises sont dues à des «problèmes internes» à ces partis d'opposition.
Début août, l'opposition a rejeté le calendrier des élections fixé par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), dénonçant une absence de «consensus».
Pourtant, le président de la Céni, le magistrat Ibrahim Boubé, avait annoncé le 29 juillet que sa Commission avait «décidé par consensus» de fixer le premier tour de l'élection présidentielle couplée aux législatives le 21 février 2016. Les élections locales sont programmées pour le lundi 9 mai 2016.
Mi-janvier, l'opposition avait déjà «récusé» la Cour constitutionnelle, qui valide en dernier ressort les candidatures et les résultats des élections, fustigeant son «allégeance» au président nigérien.
Les accusations de l'opposition sont «sans fondement», avait rétorqué Mohamed Bazoum, le chef du parti au pouvoir, pour qui la Cour n'a «jamais pesé de quelque poids dans les résultats des élections». – AfricaLog avec agence