Le président américain Barack Obama a condamné mercredi le rejet par le Sénat de la nomination au ministère de la Justice d'un ancien avocat de Mumia Abu-Jamal, un ancien des «Black Panthers» condamné pour le meurtre d'un policier blanc en 1981.
Barack Obama avait nommé Debo Adegbile, spécialiste du droit de vote, directeur de la division des droits civiques au département de la Justice, un poste important qui nécessitait un vote de confirmation par le Sénat.
Mais 47 voix contre 52, cette nomination a été rejetée mercredi par les sénateurs, plusieurs démocrates s'étant joints aux républicains vent debout à l'idée de confier de telles responsabilités à quelqu'un qui a défendu «un tueur de policier».
«C'est sa défense d'un des tueurs de policier les plus notoires du pays qui remet le plus en question sa capacité à occuper le puissant poste gouvernemental qu'il recherche», a déclaré Mitch McConnell, chef de la minorité républicaine du Sénat.
Selon le républicain, Debo Adegbile a «glorifié un tueur de policier sans remord».
Le vote de mercredi «est une parodie, fondée sur des attaques personnelles extrêmement injustes contre un fonctionnaire compétent et qualifié», a regretté Barack Obama dans un communiqué. «Le fait que sa nomination ait été rejetée uniquement car il a défendu un prévenu va à l'encontre d'un principe fondamental de notre système judiciaire».
Mumia Abu-Jamal, ancien journaliste et militant des Black Panthers, a été condamné à mort en 1982 pour le meurtre par balles du policier Daniel Faulkner à Philadelphie en décembre 1981, une peine commuée en prison à perpétuité sans possibilité de libération en 2011, après 30 ans de bataille judiciaire.
L'affaire avait suscité dès l'origine un intérêt mondial, faisant d'Abu-Jamal l'un des condamnés à mort les plus connus des États-Unis et une icône de la lutte contre la peine de mort, soutenu notamment par Danielle Mitterrand. En France, il avait même eu un timbre à son effigie.
Debo Adegbile, actuellement collaborateur parlementaire au Sénat, occupait des responsabilités importantes dans les années 2000 au sein du centre d'aide juridique de la grande association de défense des Noirs aux États-Unis, la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), qui a participé à la défense d'Abu Jamal au nom de la défense de ses droits constitutionnels. C'est ce lien qui lui a coûté sa nomination.
Les avocats d'Abu-Jamal dénonçaient un procès non équitable, notamment lors de la sélection des jurés. – AfricaLog avec agence