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Madagascar: ultimatum de l'armée, le président reconnaît des "erreurs"

Mar 10, 2009

L'armée malgache a fixé mardi un ultimatum de 72 heures aux "décideurs politiques" du pays pour mettre fin à la crise majeure opposant le maire destitué d'Antananarivo Andry Rajoelina au président Marc Ravalomanana qui a admis des "erreurs" dans ce dossier.

Signe de la tension dans la capitale, des centaines de partisans du régime ont manifesté devant l'ambassade de France contre la protection accordée par Paris à M. Rajoelina, avant d'être dispersés par les forces de sécurité.

A New-York, un porte-parole des Nations Unies, a indiqué que l'ONU était "étroitement impliquée" dans les efforts pour parvenir à un règlement pacifique de la crise politique dans l'île.

S'exprimant à la télévision nationale, le chef d'état-major de l'armée, le général Edmond Rasolofomahandry, a fixé aux politiques un ultimatum de "72 heures" pour mettre fin à la crise.

Le général disait s'exprimer au nom de l'ensemble des forces armées (armée, gendarmerie, police) évaluées à environ 25.000 hommes.

"Si jamais une solution n'est pas trouvée après ces 72 heures, alors nous, les forces armées, nous allons prendre nos responsabilités pour faire fonctionner les affaires nationales, pour préserver les intérêts supérieurs de la nation et l'unité nationale", a-t-il averti.

Peu après, M. Ravalomanana est également intervenu à la télévision en reconnaissant "des erreurs".

"Cette crise politique doit cesser et je suis prêt à écouter; je suis humain et j'ai fait des erreurs (...) les assises nationales seront un événement majeur pour le pays", a-t-il insisté dans un apparent geste d'ouverture.

Ces assises pour trouver une issue à la crise sont prévues de jeudi à samedi.

Le ministre de la Défense, le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo - confronté à une mutinerie dans une caserne de la capitale depuis dimanche - a, lui, annoncé sa démission.

Dans ce climat de flottement du pouvoir, des partisans du président ont manifesté devant l'ambassade de France en brandissant des banderoles "Nations unies/France: livrez-nous TGV", surnom de M. Rajoelina.

Ils dénonçaient le fait que le maire destitué ait trouvé refuge à la résidence de l'ambassadeur français depuis vendredi soir, "à la demande de la communauté internationale et du médiateur de l'ONU, et en accord avec le président" Ravalomanana, selon une source diplomatique.

M. Rajoelina vivait caché depuis une tentative d'arrestation jeudi soir.

Selon Paris, il a quitté la résidence. Désormais, il "est sous la protection des Nations unies. C'est aux Nations unies de communiquer", a annoncé mardi le ministère français des Affaires étrangères, en se refusant à plus d'indications sur le lieu où il se trouvait.

Dans la capitale, des affrontements entre partisans des deux camps ont fait 19 blessés par des jets de pierre mardi. La veille, a-t-on appris mardi, deux personnes ont été tuées par balles et 33 blessées dans un quartier du sud d'Antananarivo qui a été le théâtre de pillages.

Face aux "troubles civils croissants", les Etats-Unis ont autorisé leur personnel non essentiel à quitter le pays et émis un nouvel avertissement aux voyageurs.

Le conflit larvé entre MM. Ravalomanana et Rajoelina s'est transformé en crise ouverte mi-décembre.

Depuis, M. Rajoelina, destitué par le gouvernement de son poste de maire d'Antananarivo le 3 février, a multiplié les manifestations et s'est autoproclamé en charge des affaires du pays.

Au moins une centaine de personnes sont mortes depuis le 26 janvier dans les violences qui ont émaillé ce conflit. – AFP