Une personne au moins a été tuée par balle dimanche en République démocratique du Congo et d'autres blessées par la police lors des marches des catholiques contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila.
«Depuis 7h00, nous avons reçu trois blessés liés à la marche des catholiques, dont deux blessés graves par armes à feu. Le troisième qui a reçu une balle à la poitrine est décédé», a déclaré le docteur François Kajingulu, directeur de l'hôpital St Joseph de Limete, dans le centre de Kinshasa.
Un agent «a tiré sur mon frère à bout portant dans l'enceinte de la paroisse Saint Benoît (centre). J'étais près de mon frère», a déclaré à le frère du défunt entre deux sanglots.
À Kisangani, grande ville du nord-est du pays, des centaines de fidèles qui sortaient de la messe ont commencé à marcher avant d'être dispersés par les forces de sécurité qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et ont tiré à balles réelles. Deux personnes au moins ont été blessées par balles, selon un correspondant de l'AFP.
Les fidèles se sont repliés dans l'enceinte de la paroisse chantant le «Debout Congolais», l'hymne national de la RDC.
Dans la commune populaire de Mangobo, dans le nord de Kisangani, les habitants affluaient dans les rues et plusieurs groupes de jeunes gens se retrouvaient à 50 mètres des militaires de la garde républicaine, unité spéciale chargée de la protection du président Joseph Kabila.
Dans plusieurs villes, les marches ont été étouffées par les forces de sécurités qui se sont déployées en grand nombre devant toutes les églises catholiques. C'est le cas à Kikwit (sud-ouest), à Goma (est) où deux jeunes gens ont été brutalisés par la police. Dans la ville voisine de Bukavu, toute tentative d'attroupement était systématiquement dispersée à coup de gaz lacrymogène.
À Lubumbashi, deuxième ville du pays dans le sud-est, des jeunes ont brulé des pneus dans les rues avant d'être dispersés par la police antiémeute.
Ces marches sont organisées à l'appel du Comité laïc de coordination (CLC), un collectif d'intellectuels proche de l'Église catholique, qui demandent à M. Kabila de dire publiquement qu'il ne sera pas candidat aux élections prévues le 23 décembre 2018. Le mandat du président s'est achevé le 20 décembre 2016.
L'internet a été coupé à Kinshasa et des marches réprimées par les forces de sécurité. Les SMS et le système de messagerie WhatsApp ont été suspendus brusquement aux environs de 10h00 (4h00 HE) après la sortie des messes.
Dans plusieurs paroisses de Kinshasa, les fidèles ont commencé à marcher avant d'être dispersés à coup de gaz lacrymogène et de tirs de sommation.
À Saint François de Sales, des policiers cagoulés étaient postés devant la rue qui donne sur cette paroisse du centre de Kinshasa, où une femme de 24 ans, aspirante à la vie religieuse avait été tuée par un coup de rafale le 21 janvier lors de la précédente marche. Ils ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.
Des militaires arrivés sur les lieux ont fait usage des tirs de sommation pour disperser les manifestants.
À Kinshasa, où la marche a été interdite, la police s'était donné pour objectif de faire «zéro mort» lors de cette troisième marche. Les deux précédentes les 31 décembre et 21 janvier avaient fait une quinzaine de morts selon l'Église, deux d'après les autorités.
Vendredi, l'Union européenne, la Suisse et le Canada avaient rappelé dans un communiqué conjoint «l'importance du respect des libertés fondamentales, en particulier de la liberté de manifester et de la liberté de culte». - AfricaLog avec agence