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Medvedev cherche à se rapprocher de l'Afrique

Jun 25, 2009

Le président russe, Dmitri Medvedev, est à la tête d'une importante délégation d'hommes d'affaires en visite en Afrique. Il s'agit de sa première visite officielle sur le continent et il est le premier chef d'Etat russe à faire le déplacement depuis plus de trois ans.

Après l'Egypte mardi, puis le Nigeria, sa tournée doit le conduire en Angola et en Namibie.

Sa visite porte essentiellement sur les principales exportations russes, notamment les sources d'énergie en général et le nucléaire en particulier.

Elle intervient à un moment où la Russie entend jouer un rôle stratégique accru dans le monde. Gaz et diamants

Le président Medvedev sait que la Russie traîne loin derrière les sociétés occidentales et chinoises pour ce qui est de l'exploitation des richesses naturelles du continent. En Egypte, le premier partenaire économique de la Russie en Afrique, Dmitri Medvedev a signé un accord portant sur l'énergie nucléaire.

Le Kremlin espère, à terme, que la Russie jouera un rôle prépondérant dans le monde Sergey Kiriyenko, le responsable de l'autorité russe en matière d'énergie atomique, fait partie de la délégation de plusieurs centaines de patrons russes qui accompagnent le président.

La Russie et l'Egypte ont déjà signé un accord de coopération nucléaire qui pourrait déboucher sur la construction par la Russie de centrales nucléaires dans le pays.

La deuxième étape du président Medvedev est le Nigeria, où le puissant géant russe du gaz, Gazprom, espère décrocher des contrats de construction d'oléoducs.

En particulier, Gazprom ambitionne de construire l'oléoduc qui doit traverser le Sahara pour livrer du gaz nigérian à l'Europe.

La Russie se dit prête à aider le Nigeria à mettre en place une infrastructure nucléaire civile mais des analystes nigérians ont laissé entendre que ce n'était pas nécessaire, étant donné l'importance des réserves en pétrole et en gaz du pays.

Rosneft, la première compagnie pétrolière russe, dont le responsable fait partie de la délégation qui accompagne Dmitri Medvedev, a annoncé son intention d'étendre ses opérations africaines.

La Namibie et l'Angola, les deux dernières étapes de la tournée du président russe, offrent de nouvelles opportunités pour les corporations russes dans le secteur du diamant, des métaux, des hydrocarbures et de l'uranium.

Alrosa, la société d'état diamantifère russe, est présente en Angola depuis près de 20 ans. Elle détient des parts dans deux joint ventures et entend faire de la prospection diamantifère et diversifier ses intérêts dans le domaine énergétique.

Des sociétés russes ont des licences de prospection d'uranium en Namibie, où, selon leurs responsables, l'énergie, les réserves d'uranium et le tourisme peuvent rapporter gros.

La Commission intergouvernementale Namibie-Russie sur la coopération en matière d'échanges commerciaux et d'économie chapeaute le nouveau partenariat. Rôle mondial

Les relations que l'Union soviétique entretenait avec l'Afrique étaient de nature politique et idéologique. Le continent a été un champ de bataille clé lors de la confrontation entre l'est et l'ouest et ces batailles ont été livrées la plupart du temps par procuration. Ceci explique pourquoi les relations de la Russie avec l'Afrique ont décliné si rapidement quand l'Union soviétique s'est effondrée.

Aujourd'hui, la Russie a retrouvé confiance et elle tente de jouer un rôle accru sur la scène internationale, souvent tres loin de ses frontières.

Pas plus tard que la semaine dernière, Dmitri Medvedev a présidé trois sommets internationaux, notamment la première rencontre des dirigeants des pays en développement dits du Bric: le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine.

Le Kremlin espère, à terme, que la Russie jouera un rôle prépondérant dans le monde, dans le cadre de ce que Moscou appelle un monde multi-polaire, avec plusieurs zones d'influence.

Moscou n'a pas mis l'accent sur la dimension politique du voyage de Dmitri Medvedev. Les patrons russes ont plutôt insisté sur les contrats juteux à la clé.

Ils reconnaissent que la Russie a pris du retard par rapport aux principaux investisseurs en Afrique, la Chine en particulier.

Le volume des échanges commerciaux entre la Russie et les pays africains reste dérisoire.

Par exemple, l'Académie russe des sciences estime que le commerce avec le Nigeria porte sur 300 millions de dollars par an, alors que pour la Chine, il atteint 11 milliards de dollars.

Certains analystes russes jugent toutefois qu'il sera difficile voire impossible pour Moscou de stopper la marche de la Chine à travers l'Afrique.

Mais le président Medvedev devrait allier l'utile à l'agréable.

Il doit rencontrer des personnalités africaines, notamment le père fondateur de la Namibie, Sam Nujoma, et faire un safari. – BBC Afrique