En Afrique du Sud, les appels se multiplient pour que la famille royale britannique restitue le plus grand diamant blanc au monde, après la mort de la reine Elizabeth II.
S'agit-il d'un cadeau ou d'un vol ? Le Royaume-Uni doit-il rendre le diamant surnommé la "Grande Étoile d'Afrique", appelé aussi "Cullinan I" de 530 carats, le plus grand diamant blanc taillé du monde? Depuis la mort de la Reine Elizabeth II, dont les funérailles d'État ont eu lieu lundi 19 septembre, la question a ressurgi en Afrique du Sud. C'est dans ce pays que la pierre précieuse a été extraite. Et ce sont les autorités coloniales sud-africaines qui, au début du siècle dernier, l'ont offerte à la famille royale. Elle figure désormais au beau milieu du spectre royal qui sera désormais porté par le roi Charles III.
Dans le pays, la question est âprement débattue. De nombreux Sud-Africains estiment que ce cadeau est illégitime, et réclament sa restitution. Outre une pétition qui exige que le diamant soit exposé dans un musée, des membres du Parlement et des internautes demandent "le retour de tout l'or, ainsi que des diamants volés par la Grande-Bretagne" pendant la période coloniale.
Selon la version du Royal Asscher, que l'on peut retrouver sur son site, une transaction en bonne et due forme serait à l'origine du cadeau. Le diamant Cullinan aurait été extrait d'une mine du Transvaal (sous domination britannique), en Afrique du Sud, en 1905. Le diamant avait, à l'origine, la taille d'un cœur humain, avant d'être taillé en neuf grosses pierres et 96 pièces plus petites par la société Asscher à Amsterdam. La plus grande des pierres a été baptisée "Grande Étoile d'Afrique" par le roi Édouard VII. La pierre précieuse aurait ensuite été achetée au propriétaire de la mine, Thomas Cullinan, par le gouvernement sud-africain du Transvaal. C'est ce gouvernement qui l'aurait ensuite offerte au roi Édouard VII – l'arrière-grand-père d'Elizabeth II – comme cadeau d'anniversaire en 1907. Une autre grosse pierre, extraite du diamant, aurait été montée dans la couronne.
Mais selon la version d'Everisto Benyera, professeur de politique africaine de l'université d'Afrique du Sud "toute transaction coloniale est illégitime et immorale". "Selon nous, tant les gouvernements du Transvaal et de l'Union d'Afrique du Sud que les syndicats miniers de l'époque étaient illégaux", explique-t-il. Et "recevoir un diamant volé n'exonère pas le destinataire". Même son de cloche pour Leigh-Ann Mathys, porte-parole nationale des Economic Freedom Fighters (EFF), un parti politique d'opposition sud-africain, pour qui les puissances coloniales britanniques ont volé les terres et se sont approprié les mines qui appartenaient aux populations autochtones. "Nous appelons au rapatriement pour tous les vols coloniaux, y compris le vol de la Grande Étoile d'Afrique", a-t-elle déclaré. - AfricaLog avec agence