C’est au moment où les efforts de la communauté internationale en faveur de la Guinée pour la gestion de la fièvre hémorragique Ebola sont salués que des incidents regrettables ont été enregistrés vendredi 4 avril 2014 dans la préfecture de Macenta.
Des manifestations ont été ainsi dirigées contre l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) pour sa gestion des cas de malades et autres suspects.
Malgré tout, l’ONG est engagée sur le terrain pour aider à circonscrire la progression de cette maladie avec son cortège de morts. C’est dans ce cadre que «MSF a lancé une intervention d'urgence et continue de renforcer ses équipes pour répondre à l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola en Guinée. À ce jour, les autorités sanitaires guinéennes ont signalé 137 cas suspects et 86 décès».
Une coopération étroite est à cet effet, établie entre l’ONG et le Ministère de la Santé et de l’Hygiène publique: «C’est en coopération avec le Ministère de la Santé, que MSF mène son intervention pour répondre à cette urgence. C’est ainsi que près de 52 membres du personnel international et plus de 150 personnel guinéen travaillent ensemble nuit et jour pour assurer une prise en charge des patients et une recherche active des cas contact. Les équipes interviennent à Conakry, ainsi que dans les villes de Guéckédou et de Macenta, dans l'est du pays».
Selon le Coordinateur des communications d’urgence de MSF, «A l’heure actuelle, 19 patients sont isolés et soignés dans les unités d’isolement de MSF dans ces trois lieux d’intervention. Les équipes sont composées de médecins, d’infirmières, d’épidémiologistes, d’experts en eau et assainissement, ainsi que d’agents de promotion de la santé et de psychologues».
De son côté, la Coordinatrice d’urgence de MSF à Conakry parle de la stratégie de travail de son ONG: «Nos efforts visent à contenir l’épidémie, en détectant et en isolant les malades du reste de la population». Anja Wolz de rassurer: «Bien qu'il n'y ait pas de traitement pour cette maladie, on peut réduire la mortalité très élevée en s'attaquant aux symptômes. Ceci comprend l'administration d'une perfusion aux patients qui arrivent déshydratés parce qu’ils ont la diarrhée. Nous nous assurons également qu'ils ne souffrent pas d’une autre maladie, comme le paludisme ou une infection bactérienne telle la typhoïde».
Alors que le taux de létalité de la souche Zaïre du virus Ebola peut atteindre jusqu'à 90 % (selon l'OMS), il varie en fonction de l'évolution de chaque épidémie.
Epidémiologiste de MSF à l’est de la Guinée, Michel Van Herp souligne: «Nous avons appris à travers nos expériences passées que nous pouvons donner de 10 à 15 % plus de chances de survie à des patients à travers avec un bon soutien médical. Mais s’ils restent à la maison, le taux de létalité atteint généralement jusqu'à 90%».
Dans la capitale Conakry, MSF a mis en place une unité d'isolement dans l’enceinte de l'hôpital de Donka, qui a une capacité de 20 lits. Huit patients y sont actuellement pris en charge. Selon le chef de mission, Mme Corinne Benazech, «Nous avons eu la joie d’avoir 2 patients qui sont sortis du centre d’isolement complètement guéris».
Parallèlement, une formation a été organisée pour le personnel de l'hôpital Donka sur la maladie, les symptômes, les mesures d'hygiène à mettre en place, et sur la manière de réaliser le triage efficace des patients. Une autre formation sera bientôt organisée pour les bénévoles de la Croix-Rouge afin d'améliorer la gestion des enterrements et la désinfection des maisons des personnes touchées. L'équipe de MSF compte également envoyer des agents communautaires pour enquêter sur les alertes de cas potentiels dans la ville.
Le Coordinateur des communications d’urgence de MSF, Sam Taylor de souligner: «A Guéckédou et Macenta, 11 patients sont actuellement pris en charge dans les deux unités d’isolement de MSF. Outre l’isolement et les soins aux patients, une activité importante consiste à investiguer les alertes faisant état de potentiels nouveaux cas. Ainsi, les équipes de MSF se rendent dans les villages afin de référer les cas suspects vers les unités d’isolement. Lorsqu’un malade est référé, sa maison est ensuite désinfectée. Il faut également faire le suivi des« contacts». C’est-à -dire les personnes qui ont été en contact avec les malades.
Sam Taylor de poursuivre: «Les équipes MSF informent les communautés sur la maladie, sur les mesures à prendre pour se protéger et prévenir la propagation du virus. Des messages de promotion de la santé sont diffusés, invitant la population à respecter les règles d’hygiène de base. En effet, le simple fait de bien se laver les mains peut réduire le risque de transmission de manière significative. MSF s’assure également que la gestion des corps et l’enterrement des personnes décédées se déroulent selon des procédures strictes. Enfin, des psychologues apportent leur soutien aux familles des victimes ainsi qu’au personnel de santé local».
«Nous mobilisons toutes nos ressources disponibles et il est important que la réponse s’intensifie afin de combattre cette épidémie de manière efficace», explique Anja Wolz.
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