Plus de six ans après son arrivée à la Maison Blanche, Barack Obama se rendra cet été au Kenya, terre natale de son père, une visite qui fut un temps impensable en raison des poursuites dont faisait l'objet le président Kenyatta.
«Mes liens personnels avec le peuple kényan resteront forts», lançait M. Obama, né d'une mère américaine et d'un père kényan, lors de sa première grande tournée en Afrique subsaharienne (Afrique du Sud, Sénégal, Tanzanie) en juin 2013.
Lors de son déplacement à Nairobi en juillet, son premier sur place en tant que président, M. Obama participera au «Sommet mondial de l'entrepreneuriat» qui rassemblera plus de 1000 créateurs d'entreprises venus d'Afrique et d'ailleurs afin de mettre l'accent sur l'innovation sur le continent, a indiqué l'exécutif américain.
Lors d'un sommet ayant réuni plus 40 chefs d'État et de gouvernement africains à Washington en août 2014, M. Obama avait appelé à tisser des liens économiques plus denses avec ce continent, rappelant que sur l'ensemble des produits américains exportés, seuls 1% allaient vers l'Afrique subsaharienne.
Les États-Unis ne pointent qu'à la troisième place au tableau des échanges commerciaux avec l'Afrique, loin derrière l'Union européenne et la Chine.
Au-delà de ce volet économique, le déplacement aura aussi une forte coloration politique. Le porte-parole du président kényan Uhuru Kenyatta s'est félicité lundi que le président américain ait accepté l'invitation, soulignant que les deux dirigeants auraient une série d'entretiens bilatéraux, hypothèse difficilement envisageable il y a quelques mois encore.
En décembre 2014 la Cour pénale internationale (CPI) a finalement renoncé à poursuivre M. Kenyatta pour crimes contre l'humanité pour son rôle présumé dans les violences postélectorales de 2007.
La procureure Fatou Bensouda avait alors dénoncé une «série d'obstacles majeurs» à son enquête, évoquant de «vastes initiatives concertées pour harceler, intimider et menacer» les témoins. Les violences postélectorales de fin 2007 et début 2008 au Kenya, qui avaient fait plus de 1000 morts, ont été les pires enregistrées dans ce pays d'Afrique de l'Est depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1963.
«Mama Sarah»
M. Obama s'était rendu au Kenya en 2006 en tant que sénateur de l'Illinois. Lors d'un discours devant des étudiants à Nairobi, il avait dénoncé avec force la corruption régnant dans le pays. «Comme dans beaucoup de pays de ce continent, là où le Kenya échoue, c'est dans son incapacité à créer un gouvernement qui soit transparent et responsable», avait-il lancé.
Le gouvernement du président kényan Mwai Kibaki avait vivement réagi, jugeant que le sénateur démocrate avait insulté les Kényans sur des sujets sur lesquels il était «très mal informé».
Interrogé sur la place qu'occuperait la question des droits de l'homme lors du déplacement à venir, l'exécutif américain a assuré que ce déplacement serait «une nouvelle occasion de dialogue avec le gouvernement et la société civile» sur le sujet.
Il s'agira du quatrième voyage en Afrique subsaharienne de M. Obama depuis son arrivée à la Maison-Blanche.
Interrogée sur d'éventuelles rencontres avec les membres de sa famille vivant au Kenya, la Maison Blanche n'a rien exclu mais n'a donné aucun détail sur le contenu ni la durée, de cette visite.
En 2006, M. Obama avait en particulier rendu visite à «Mama Sarah», qui fut la troisième femme de Hussein Onyango Obama, grand-père paternel du président américain.
Bien qu'il n'ait aucun lien de sang avec Sarah, qui vit dans le village de Kogelo, dans l'ouest du Kenya, près de la frontière ougandaise, le premier président noir des États-Unis a toujours fait savoir qu'il la considérait comme sa grand-mère. – AfricaLog avec agence