Le président américain Barack Obama a affiché jeudi son soutien à la Tunisie en annonçant son intention d'accorder à ce pays, où le printemps arabe avait débuté il y a quatre ans, le statut d'«allié majeur non-membre de l'OTAN».
«Les États-Unis croient en la Tunisie», a déclaré M. Obama dans le Bureau ovale en s'engageant, en présence de son homologue tunisien Béji Caïd Essebsi, à renforcer l'aide économique et militaire à ce petit pays de 11 millions d'habitants, confronté à la menace jihadiste, alimentée par le chaos en Libye voisine.
C'est la deuxième fois que M. Obama recevait M. Caïd Essebsi dans le Bureau ovale. La première fois, en octobre 2011, ce dernier était premier ministre d'un gouvernement de transition, mis en place après le soulèvement populaire qui avait renversé le régime de Zine el Abidine Ben Ali le 14 janvier de la même année.
Le statut d'«allié majeur non-membre de l'OTAN», privilège déjà accordé à une quinzaine de pays, dont le Japon, l'Australie, l'Afghanistan ou encore l'Egypte, Bahreïn et le Maroc, permet aux pays concernés d'avoir accès à une coopération militaire renforcée avec les États-Unis, notamment dans le développement et l'achat d'armements.
Le nouveau gouvernement tunisien est confronté à des défis sécuritaires de taille. L'attentat revendiqué par l'organisation État islamique contre le musée du Bardo en mars, qui a fait 22 morts, dont 21 touristes étrangers, a porté un rude coup au pays qui s'appuie largement sur le secteur du tourisme.
«Nous avons encore un long chemin devant nous», a souligné M. Caïd Essebsi, devenu en décembre, à 88 ans, le premier chef d'État élu au suffrage universel en Tunisie.
«Notre environnement régional pourrait représenter une menace pour le processus démocratique», a-t-il mis en garde, en référence à l'effondrement des institutions à Tripoli. «Nous avons besoin des États-Unis et peut-être que les États-Unis ont maintenant besoin de la Tunisie,» a-t-il poursuivi.
«Progrès extraordinaires»
M. Obama a précisé avoir longuement évoqué avec son homologue tunisien la lutte anti-terroriste mais aussi la nécessité de favoriser une solution politique en Libye «pour éviter que le vide du pouvoir n'ait un impact négatif sur la situation en Tunisie».
Dans une tribune commune publiée jeudi dans le Washington Post, les deux présidents ont souligné que la Tunisie démontrait que «la démocratie est non seulement possible mais aussi nécessaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient».
«Le lieu où le printemps arabe a commencé est aussi celui où nous avons vu les progrès les plus extraordinaires», a souligné le président américain dans le Bureau ovale.
La Maison Blanche souhaite un doublement de l'aide à l'armée et aux forces de sécurité tunisiennes en 2016. Elle a demandé au Congrès d'approuver une aide de 138 millions de dollars pour 2016, dont 62,5 millions pour la partie militaire.
Les États-Unis viennent par ailleurs d'annoncer la livraison de 52 véhicules militaires de type Humvee et d'un navire de patrouille à l'armée tunisienne. La Tunisie doit encore recevoir en 2016 quatre autres navires américains.
Si le chaos libyen est source d'instabilité, il est aussi une mauvaise nouvelle pour la Tunisie sur le front économique. Rappelant que son pays a eu longtemps «une énorme coopération» avec Tripoli, Béji Caïd Essebsi a aussi souligné que son pays accueillait désormais un million de Libyens.
Il entend donc profiter de cette visite pour attirer les investissements privés dont la Tunisie, «au milieu du gué», a cruellement besoin.
«La Tunisie a besoin d'une vision économique sur le long terme pour convaincre les investisseurs», avait de son côté souligné mercredi la ministre américaine du Commerce, Penny Pritzker. – AfricaLog avec agence