Très présente pendant la campagne électorale, discrète depuis son arrivée au palais de l'Élysée, Brigitte Macron a été dotée lundi d'un rôle officiel par le biais d'une «charte de transparence», une première dans l'histoire politique récente de la France.
La «charte de transparence relative au statut du conjoint de chef de l'État» -- où l'expression de «Première dame» ne figure pas -- détaille des fonctions classiques de représentation, sans rémunération ni budget propre, mais avec des frais et des conseillers fournis par la présidence.
«Il ne s'agit pas d'un statut juridique, mais d'un engagement, qui ne vaut que pour Brigitte Macron et pour la durée du mandat d'Emmanuel Macron», a précisé l'entourage de l'épouse du président.
Le texte publié lundi sur le site de la présidence invoque «la tradition républicaine» et la «pratique diplomatique» avant de définir en quelques paragraphes «le rôle de représentation, de patronage et d'accompagnement du chef de l'État dans ses missions».
Dans un pays où les conjointes de président ont connu des destins variés, aucun texte juridique ne codifie leur rôle, leur place protocolaire, le cadre, ni les moyens de leur action: la Constitution française ne leur prévoit aucune existence juridique et l'idée d'un statut a toujours été rejetée, à droite comme à gauche.
La charte répond en partie à la promesse de campagne du candidat centriste Emmanuel Macron de mettre fin à cette «hypocrisie française» en créant un statut juridique. La décision a été de ne pas passer par une loi ni par un décret, alors qu'une pétition lancée cet été contre tout statut officiel a recueilli plus de 316 000 signatures en quelques semaines.
«Cette charte de la transparence encadre, mais ne légalise pas... C'est une nouveauté, mais en termes juridiques, la Première dame n'a toujours pas de statut: finalement ça ne sert à rien, si ce n'est à donner une illusion de transparence», estime Jean-Joël Governatori, un avocat spécialiste de droit public qui a publié sur cette question.
Le texte détaille «le rôle public et les missions du conjoint du président»: assurer la représentation de la France aux côtés du chef de l'État, répondre aux nombreuses sollicitations des Français reçues par courrier ou par téléphone, soutenir par son parrainage des manifestions à caractère caritatif, culturel ou social…
«Le Président de la République pourra en outre charger son épouse de missions particulières de réflexion et de propositions» et ces missions seront rendues publiques sur le site de la présidence, précise le texte.
Pour la première fois, le site elysee.fr publie lundi un agenda des «actions et déplacements» de Brigitte Macron qui détaille son emploi du temps depuis le 14 mai, date de son entrée à l'Élysée aux côtés de plus jeune président de l'histoire de France.
Pour mener ses missions à bien, Brigitte Macron est dotée de deux conseillers et d'un secrétariat. «Elle ne dispose pas de frais de représentation» ni d'aucun budget propre, précise la charte. Mais l'Élysée promet de publier tous les chiffres sur «les coûts de fonctionnement».
La critique principale de la pétition contre le statut de Première dame portait sur le fait qu'elle puisse «obtenir un budget sur des fonds publics» en période de restriction sévère des dépenses publiques.
Elle-même avait assuré dans un récent entretien au magazine féminin «Elle» qu'elle souhaitait assumer son «rôle public» en toute transparence. L'ex-enseignante évoquait aussi dans cet entretien le couple atypique et fusionnel qu'elle forme avec son mari, de 24 ans son cadet.
«C'est très clair dans mon esprit, les Français ont élu Emmanuel, ils ne m'ont pas élue moi même s'ils savaient, bien sûr que nous formions un couple», disait-elle dans cet entretien.
«Je ne me sens pas Première dame, c'est la traduction d'une expression américaine, une périphrase dans laquelle rien ne me plaît». - AfricaLog avec agence