Plus de 500 partisans du président islamiste Mohamed Morsi destitué ont été condamnés à mort lundi en première instance et lors d'un procès expéditif pour des violences commises durant l'été. Au même moment, des journalistes d'Al-Jazira, dont quatre étrangers, étaient jugés pour appartenance à une "organisation terroriste".
Sur les 529 personnes condamnées à la peine capitale, seuls 153 sont en détention, les autres étant en fuite.
Dix-sept des accusés ont été acquittés. Près de 700 autres personnes, dont des cadres des Frères musulmans de M. Morsi, doivent comparaÎtre mardi pour des violences également survenues le 14 août.
"Mascarade"
Ce verdict est "une mascarade et un scandale qui aura des conséquences pour l'Egypte pendant des années", a déploré Gamal Eid, à la tête du Réseau arabe pour l'information sur les droits de l'homme.
Les Frères musulmans, déclarés organisation "terroriste" par le nouveau pouvoir, ont accusé "le système judiciaire corrompu" d'être "utilisé par les putschistes" pour "installer un régime dont la brutalité dépasse celle de décennies d'oppression et de tyrannie".
L'UE et les Etats-Unis se sont dits "extrêmement préoccupés". Amnesty International a dénoncé un "exemple grotesque" de la nature "sélective" de la justice égyptienne.
Toutefois, la loi prévoit un nouveau procès pour tout accusé en fuite qui se rend à la justice et un appel devant la Cour de cassation devrait permettre aux condamnés en détention d'obtenir aussi un nouveau procès ou de voir leur peine commuée.
Le 14 août, policiers et soldats avaient lancé l'assaut sur deux rassemblements pro-Morsi au Caire, faisant des centaines de morts. Des faits qui ont embrasé le pays, après la destitution par l'armée le 3 juillet de son seul président jamais élu démocratiquement.
Depuis, plus de 1400 partisans de M. Morsi ont été tués. Et la répression s'est élargie à l'opposition laïque au nouveau pouvoir.
Un tribunal du Caire juge aussi des journalistes d'Al-Jazira, la chaÎne du Qatar devenue la bête noire du Caire. Seize Egyptiens sont accusés d'appartenance à une "organisation terroriste" et quatre étrangers de leur avoir fourni "argent, équipements et informations" afin de "diffuser de fausses nouvelles" faisant croire à une "guerre civile dans le pays". – AfricaLog avec agence