Près de 70 personnes ont été tuées et une centaine blessées depuis lundi dans la ville centrafricaine de Bambari (centre) lors d'affrontements entre miliciens anti-balaka et ex-rebelles Séléka, a annoncé jeudi un officier de la force de l'Union africaine (Misca).
Un précédent bilan faisait état mercredi d'une cinquantaine de tués.
Près de 70 personnes ont été tuées depuis lundi dans les violences en cours dans la région de Bambari et les villages environnants, et au moins une centaine blessées tandis que quelque 150 maisons ont été incendiées. Ce bilan reste tout de même provisoire car toute la ville n'est pas encore accessible, a déclaré jeudi sous couvert d'anonymat l'officier, joint par l'AFP par téléphone depuis Bangui.
Les habitants peuvent se déplacer dans les quartiers Nord et Ouest, mais ils hésitent encore à se rendre au centre commercial et ailleurs. Beaucoup d'habitants craignent les attaques de groupes armés dans les quartiers Sud-Est de la ville, dont Bornou et Maïdou, a-t-il poursuivi.
La plupart des victimes ont été massacrées à l'arme blanche ou tuées par balle, avait indiqué mardi cet officier. Selon lui, les affrontements donnent l'impression d'attaques coordonnées des groupes armés, miliciens chrétiens anti-balaka et ex-rebelles Séléka majoritairement musulmans.
Selon un employé du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la circulation tente de reprendre vers Bangui. Quelques-uns de nos véhicules, partis avec des vivres pour approvisionner les déplacés et sinistrés, ont pu quitter Bambari mercredi et sont signalés à Sibut, en direction de la capitale.
La tension reste vive dans les rues de Bambari, a déclaré jeudi après-midi le CICR dans un communiqué. Le 23 juin, le nombre de blessés affluant à l'hôpital de Bambari a été tel que l'hôpital a été débordé en quelques heures. Les équipes du CICR, avec le soutien de la Croix-Rouge centrafricaine, y ont transporté plus d'une trentaine de personnes, dont certaines grièvement atteintes.
La plupart sont des civils blessés à l'arme blanche. Le personnel a dû travailler tard dans la soirée, s'éclairant à la lampe torche, faute de carburant pour faire tourner le générateur, précise le CICR.
A Bangui, un collectif d'habitants originaires de la préfecture de la Ouaka, dont Bambari est le chef-lieu, a appelé jeudi la population de Bambari à observer individuellement un deuil de trois jours en mémoire des victimes.
Je vais observer ce deuil en mettant un bout de tissu noir sur ma chemise pendant trois jours. C'est inadmissible que les autorités ne réagissent pas à ce qui se passe à Bambari, de paisibles citoyens se font massacrer, a déclaré Louis Ngakossi, originaire de Bambari, actuellement dans la capitale.
Cette explosion de violence avait éclaté lundi après le massacre de 17 personnes, membres de la minorité peule musulmane, par des jeunes armés se réclamant des anti-balaka qui ont attaqué leur campement. Des responsables anti-balaka à Bangui ont nié en être à l'origine, comme ils le font après chaque tuerie qui leur est attribuée, affirmant qu'il s'agit de faux anti-balaka.
Depuis le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par la Séléka, la Centrafrique vit une crise sans précédent marquée par de terribles violences interconfessionnelles. Les exactions des groupes armés contre les civils ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. – AfricaLog avec agence