Le comité pour le jugement équitable de Hissène Habré, l'ancien président tchadien réfugié au Sénégal et poursuivi pour crimes de guerre, redoute un "enlisement du dossier" lors d'une conférence à Dakar, a appris mardi l'Agence Chine nouvelle.
"Nous sommes préoccupés des risques d'enlisement du procès Habré. Nous sommes inquiets des déclarations récentes du chef de l'Etat sénégalais qui prennent le contre-pied des propos du ministre de la justice Me Madiké Niang sur le travail de réforme des textes", a déclaré à Xinhua le président de la Rencontre africaine des droits de l'homme (RADDHO), Alioune Tine. Durant deux jours, le comité pour le jugement équitable de Hissène Habré s'est réuni à Dakar pour "informer le public sur les crimes commis sous le régime de l'ex-président tchadien". D'après les membres de plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme, la procédure judiciaire connaît "des blocages politiques sérieux" au niveau du Sénégal. En juillet 2006, l'Union africaine avait mandaté le Sénégal pour juger Hissène Habré de crimes de guerre, de crimes contre l'Humanité et d'actes de tortures. Les autorités sénégalaises n'ont jusque-là pas ouvert d'information judiciaire à l'égard de l'ancien président tchadien. Elles estiment avoir besoin de 27 millions d'euros pour la tenue de ce procès. Une proposition rejetée par les bailleurs de fonds. "Le problème est que les bailleurs de fonds attendent. L'Union européenne a déjà débloqué 3 millions d'euros. Le Tchad a déposé 2 millions d'euros et demande au Sénégal de faire une demande pour acquérir cet argent", a expliqué M. Tine. Au cours de cette conférence, des vidéos montrant des témoignages et des images des tortures exercées sur les détenus durant le régime d'Hissène Habré ont été projetées. Des victimes sénégalaises et tchadiennes ont également témoigné des sévices qu'elles ont endurés entre 1982 et 1990. Hissène Habré vit à Dakar depuis 17 ans. Il avait été arrêté il y a trois ans. - Xinhuanet