Quand Alpha Condé ignore Macky Sall et se justifie
A la faveur de la tenue du XVème sommet de la Francophonie tenu à Dakar, au Sénégal, chaque chef de l’Etat ou chef de délégation a eu droit à la parole pour décliner sa vue ou la perception de son gouvernement de l’avancée de l’organisation qu’ils ont en partage.
Le président de la République de Guinée a eu son temps de parole. Mais, contrairement aux pratiques d’usage, Alpha Condé a ignoré Macky Sall, son homologue du pays hôte. On sait que Dakar avait fermé les frontières du Sénégal avec la Guinée pour cause d’épidémie d’Ebola.
Peu avant de reprendre son avion de commandement pour Conakry, le chef de l’Etat a justifié le style de rédaction qu’il a voulu adopter: «Ce qui est important, c’était de rendre un hommage au peuple sénégalais. J’ai aussi une opinion publique en Guinée. Si je dois parler aux Sénégalais, je dois aussi rendre compte à mon peuple. Donc j’estimais que c’est le peuple Sénégalais que je devais remercier».
Et, Alpha Condé de préciser ses idées par un rappel historique: «En 1991, lorsque j’ai failli être assassiné, je me suis réfugié à l’ambassade du Sénégal [à Conakry ; NDLR]. Quand j’étais en prison, j’ai eu le soutien du peuple sénégalais. Je me suis marié au Sénégal. J’ai eu des problèmes par exemple avec le président Abdoulaye Wade [le prédécesseur de Macky Sall ; NDLR] mais, j’ai estimé que tout cela n’est pas important».
Et, le numéro Un guinéen de marteler: «Je ne veux pas que les Présidents créent des problèmes entre les peuples».
Abordant la sujet de la fermeture des frontières du Sénégal avec la Guinée, Alpha Condé estime qu’elle n’a pas produit l’effet attendu et que c’est plutôt à celui contraire que l’on a assisté. La fermeture a donc été pour lui, «la meilleure façon de faire venir les gens [au Sénégal]. Parce que quand on ferme les frontières, les gens passent par des pistes. Je ne stigmatise personne, je dis simplement que si votre voisin dit que votre chien est enragé, comment voulez-vous que les autres n’aient pas peur de votre chien ? Je ne vois pas pourquoi protéger un peuple contre un autre. Cela veut dire que le peuple guinéen peut mourir, ce n’est pas le problème du peuple sénégalais».
Après cette sortie justificative du président Condé dans la presse sénégalaise, le ministre des Affaires étrangères du pays de la Terranga a conféré avec la presse pour "recadrer" l’hôte guinéen.
Parlant de la fermeture des frontières du Sénégal, Mankeur N’Diaye défend l’acte de son patron de président: «J’ai entendu un président dire qu’il n’est pas élu par les Sénégalais et qu’il doit défendre le pays qui l’a élu. Macky Sall aussi n’est pas élu par ce pays, mais par les Sénégalais et il doit défendre le pays qui l’a élu. Tout ce qu’il fait obéit à cette logique. Tout ce qu’il fait, c’est de protéger le peuple qui l’a élu».
Lors de la sortie du président Alpha Condé, il avait affirmé que «La fermeture des frontières a été une erreur».
Pour le ministre Mankeur N’Diaye, «Ce n’est pas une erreur. Tout ce que le président Macky Sall fait est bien étudié et axé».
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