Tout ce qui unit, du moins apparemment aujourd’hui, l’opposition républicaine, c’est de faire partir Alpha Condé du pouvoir, lors de la prochaine élection présidentielle. Il suffit qu’une boutade soit lâchée par quelque partie pour que l’on se rende compte de cette évidence. Et, par deux fois, ces derniers temps, l’on s’en est aperçu.
Toutefois, dès qu’un malin a fait savoir en début d’année que Cellou Dalein Diallo comptait céder pour Sidya Touré, dans le cadre d’une candidature unique de l’opposition, il n’en fallait pas plus pour que le camp du premier monte sur ses chevaux [de bataille] pour ramener les propos du «farceur» à sa dimension de moins d’un mètre carré.
Naturellement, Cellou Dalein, évitant de heurter son allié du second tour de la présidentielle de 2010, s’était contenté de dire que ce sujet n’a jamais été à l’ordre du jour et qu’il était lui, Cellou, le mieux indiqué si quelqu’un devait être choisi pour représenter l’opposition face à Alpha Condé. Mais avant, « pas question d’une quelconque candidature unique de l'opposition» car, «cela faciliterait la victoire d'Alpha Condé en cas de fraudes lors de la présidentielle», s’empresse-t-il d’accuser.
Il n’y a pas longtemps, Sidya Touré faisait une sortie stratégique. Le leader de l’UFR a clamé à l’opinion qu’il n’est pas l’allié de Cellou Dalein. Suivront moult interprétations. Ont finalement compris, ceux qui l’auront voulu.
D'autre part, ce technocrate n’hésitait pas à condamner les propos qualifiés de "va-t-en guerre" du leader de l’UFDG à Chicago. On se rappelle que Cellou Dalein Diallo avait malencontreusement déclaré à l’époque, avoir le soutien d’une certaine communauté pour une éventuelle guerre en 2015 en Guinée. Condamnant bien sûr, ces propos, Sidya Touré avait, lui aussi, avec maladresse, déclaré que c’est une communauté qui lui est plutôt, acquise. Ces propos ont dû échapper à l’attention des célèbres analystes politiques.
Cependant, la sortie de Sidya Touré, à la faveur du meeting au stade de Bonfi le jeudi, 22 janvier, avait suscité des diverses interprétations, le fait pour le leader politique d'avoir emprunté les mêmes propos qu’il condamnait chez Cellou. En bon soso [langue nationale], il avait dit: «S’il y a des élections truquées, c’est la guerre qui sera déclenchée». Et, Sidya de prendre la foule à témoin: «Vous allez accepter ou non, cela ?». L’homme politique se défend d’avoir tenu ces propos en prenant comme bouc émissaire, un journaliste «qui raconte des choses qui n’ont rien à voir avec la réalité!»
Concernant la préparation des élections, le leader de l’UFR déclarait: «J’espère que les élections seront tenues à date. Mais ce qui m’inquiète de plus, c’est le fait que l’on se serve d’Ebola pour traficoter les listes électorales. Faire toutes ces opérations au niveau de la CENI sans consensus, ne pas respecter les engagements qui ont été pris, ne pas signer les accords qui ont été négociés en juin avec le ministre de la Justice. Tout ceci risque d’aboutir à un processus électoral vicié. Je dois dire que dans ces conditions, l’opposition n’acceptera pas. Et si nous n’avons aucune autre solution, nous retournerons dans la rue».
Concernant la stratégie à adopter, le porte-parole de l’opposition républicaine, indiquait qu’il «est vrai qu’il y a des conceptions différentes, je dirais même opposées. Quant aux stratégies à adopter pour assurer l’alternance politique en 2015, il y a certains qui estiment qu’une candidature unique serait souhaitable dès le premier tour pour se donner toutes les chances de succès». Pour Aboubacar Sylla, «Il y en a d’autres qui estiment que ce serait suicidaire pour l’opposition dès le premier tour de présenter un candidat unique, ce serait donner la possibilité à Alpha Condé de se faire réélire dès le premier tour. Les deux camps ont des arguments qui sont plus ou moins valables».
Il indiquait par ailleurs, que «C’est un débat politique qui n’est pas encore officiellement posé au niveau de l’opposition républicaine. Nous n’en avons jamais discuté, cette question n’a jamais été inscrite à l’ordre du jour dans une de nos réunions. Probablement ça le sera, mais ce n’est pas encore le cas».
Le manque d’entente entre les leaders de l’opposition aurait poussé Cellou Dalein Diallo à nouer rapidement une alliance controversée avec Moussa Dadis Camara, selon certains observateurs.
Ainsi que l’on le remarque, l’idée-même de la candidature unique de l’opposition oppose ses leaders. Wait and see.
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