Boko Haram, groupe islamiste nigérian qui a prêté allégeance à l'organisation Etat islamique en mars 2015, aurait un nouveau chef selon Al Nabaa, hebdomadaire officiel de l'EI, qui relance les spéculations sur la disparition d'Abubakar Shekau à la tête du mouvement.
"Dans son premier entretien avec le journal Al Nabaa après sa désignation comme Wali (chef) sur l'Afrique de l'Ouest, cheikh Abou Mosab Al Barnaoui parle de l'histoire du djihad dans cette région", annonce le journal dans son numéro 41 daté de mardi.
Dans son entretien avec Al Nabaa, Al Barnaoui ne fait aucune référence claire au sort du chef reconnu de la mouvance, Abubakar Shekau, sauf pour rappeler l'histoire du mouvement, qui a prêté allégeance à l'Etat islamique en mars 2015 et se fait appeler depuis Jamaat Ahl al-Sunnah Lil Dawa Wal Jihad (la Province ouest africaine de l'organisation de l'Etat islamique).
Depuis 2015, Barnaoui est apparu à plusieurs reprises dans des vidéos relatant les attaques du groupe, ce qui lui valait d'être considéré comme le porte-parole de Boko Haram, selon des experts. Les spéculations sur la disparition de Shekau sont monnaie courante. Sa dernière apparition date du mois de mars, où il apparaissait affaibli dans une video postée sur Youtube et déclarait: "Pour moi la fin est venue."
Un expert nigérian sur la sécurité a affirmé, sous couvert d'anonymat, que Shekau était "vivant", mais que l'EI a pu vouloir prendre ses distances avec ce leader peu fiable qui donne une mauvaise image à l'organisation. Il est "possible" qu'Al Barnaoui ait pris la succession de Shekau à la tête Boko Haram, explique Yan St Pierre, spécialiste des questions du djihadisme pour le Modern Security Consulting Group (Mosecon).
Sous le leadership de Shekau, "Boko Haram a perdu son prestige et est devenu difficile à contrôler. Aujourd'hui, Boko Haram est divisé en plusieurs petits groupes". Ba'na Bulachira, plus proche d'Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi), avait été désigné également comme un leader potentiel du groupe. "Tous utilisent le même nom, mais Boko Haram est devenu un groupe très hétérogène", explique M. St Pierre.
Abubakar Shekau avait pris la tête de la secte islamiste après l'exécution de son leader historique Mohammed Yusuf par les forces de l'ordre en 2009, marquant le début d'une vague de violences qui a fait quelque 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés dans toute la région du lac Tchad. – AfricaLog avec agence