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Rage après une autre bavure aux Etats-Unis

Apr 08, 2015
Rage après une  autre bavure aux Etats-Unis

Le policier blanc inculpé du meurtre d'un homme noir à North Charleston, en Caroline du Sud, dernier épisode d'une série de bavures policières envers la communauté noire aux États-Unis, a été renvoyé, a annoncé mercredi le maire.

Cet incident a entraîné des rassemblements dans la ville de Charleston, bloquant parfois brièvement la circulation, notamment devant la mairie en scandant: «Arrêtez la violence policière».

Michael Slager, le policier de 33 ans, a été inculpé mardi après la diffusion d'une vidéo le montrant tirer plusieurs coups de feu samedi dans le dos de Walter Scott, 50 ans, qui n'était pas armé. Ils avaient eu une altercation après un contrôle routier, l'un des feux du véhicule de M. Scott ne fonctionnant plus.

M. Slager, qui risque la peine de mort ou 30 ans d'emprisonnement, a été incarcéré mardi.
«Le policier a été renvoyé», a indiqué mercredi le maire de la ville, Keith Summey, lors d'une conférence de presse. «Nous ne cautionnons pas ce qui est mal, peu importe qui» en est l'auteur, a poursuivi l'édile, plusieurs fois interrompu par des personnes criant «Pas de justice, pas de paix».

«Nous ne voulons pas être traités différemment, nous voulons être traités équitablement et jusqu'à ce que nous soyons traités équitablement, nous continuerons à protester», a confié à Calvin Bennett, un militant local.

Selon le maire, la ville a reçu une subvention pour l'achat d'une centaine de caméras individuelles destinées aux policiers en uniforme.

Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a évoqué une vidéo «horriblement difficile à regarder», illustrant que le port de caméras par les policiers «serait positif».

Touché par cinq balles

Cet incident intervient dans un contexte déjà tendu et risque de raviver davantage les tensions raciales aux États-Unis, déjà secoués par de récentes affaires d'hommes noirs abattus ou brutalisés par des policiers blancs.

Le père de M. Scott, également prénommé Walter, s'est dit anéanti par la mort de son fils.
«La façon dont on lui a tiré dessus, on aurait dit qu'il (le policier) essayait d'abattre une biche (...) Je ne sais même pas si c'est du racisme ou s'il a un problème mental», a-t-il dit mercredi à la chaîne NBC.

Après les coups de feu, le policier a d'abord affirmé via sa radio que la victime avait pris son pistolet paralysant, selon le quotidien New York Times.

Sur la vidéo envoyée par un témoin, on voit la victime, un homme corpulent, s'enfuir en courant avec difficulté, le policier dégainer son pistolet et tirer huit fois en direction de cet homme qui lui tourne le dos et qui s'effondre après le dernier coup de feu.

Dans le mandat d'arrêt, il est indiqué que «Michael Thomas Slager (...) a illégalement et avec préméditation tué la victime. Il a tiré sur la victime à plusieurs reprises dans le dos après une altercation».

La famille de la victime avait rendu hommage dès mardi soir au «héros» qui a filmé la scène.

C'est un «ange», a déclaré mercredi Barbara Scott, une cousine. Sans cette vidéo, il n'y aurait «pas eu de justice. Sans preuve visible, c'est votre parole contre celle de la police. Et il semble qu'ils croient davantage la police».

Scott a été touché par cinq balles, trois dans le dos, une à l'oreille et une à la fesse, selon l'avocat de la famille, Chris Stewart, citant le médecin légiste, a rapporté le New York Times.

Dans un communiqué, le ministère de la Justice a annoncé qu'il prendrait «les actions appropriées à la lumière des preuves et des développements», précisant que le FBI enquête également.

Pratiques racistes de la police

La mort en août dernier à Ferguson, au Missouri, d'un jeune Noir non armé, tué par un policier blanc qui n'a pas été poursuivi faute de preuves, avait provoqué des manifestations virant parfois à l'émeute dans tout le pays pour dénoncer les violences policières à l'encontre des Noirs.

Le ministère de la Justice a publié un rapport accablant sur les pratiques discriminatoires de la police de Ferguson et des responsables de la municipalité, dont plusieurs ont démissionné dans la foulée.

Plusieurs incidents de ce type ont attisé pendant des mois la colère de la communauté noire et des militants des droits civiques.

M. Obama, premier président noir des États-Unis, avait affirmé dans une interview que ce qui se passait à Ferguson «n'était pas un incident isolé».

L'ONG Human rights watch a indiqué mercredi qu'entre 2005 et 2011 seulement 41 policiers ont été inculpés pour meurtre aux États-Unis. Citant des statistiques du FBI, la police a commis 2718 homicides «légitimes» dans le même temps. – AfricaLog avec agence