Le renforcement annoncé de la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc) est une condition nécessaire mais pas suffisante pour le rétablissement de la paix dans ce pays, a estimé lundi à Oslo la secrétaire d'Etat française aux droits de l'Homme, Rama Yade. Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé jeudi d'envoyer 3.000 Casques bleus supplémentaires en RDC, pays grand comme l'Europe occidentale, pour renforcer la Monuc, forte actuellement d'environ 17.000 hommes.
"Au-delà du nombre (...), on peut avoir autant d'hommes qu'on veut, la question qui se pose est également celle de leur affectation territoriale", a déclaré à l'AFP Mme Yade. "Ca n'a pas de sens d'en concentrer l'essentiel à Kinshasa ou dans les zones pacifiques. Il faudrait que ces personnels soient affectés à l'est", a-t-elle dit. Seuls quelque 5.000 Casques bleus sont déployés dans le Nord-Kivu, où les combats ont repris depuis fin août entre la rébellion et l'armée congolaise, provoquant le déplacement d'environ 250.000 personnes. "Il faut aussi voir si le mandat de l'ONU ne peut pas être plus robuste", a ajouté Mme Yade. . "Enfin, il faut que les personnels qui sont envoyés là -bas s'entendent. Si vous envoyez des nationalités qui ne s'entendent pas parce que leurs pays sont en froid, vous retransposez ces problèmes-là au niveau de la Monuc", a-t-elle dit, sans citer d'exemple. "La situation est gravissime", a ajouté Mme Yade qui s'est rendue dans ce pays en juin. "Quand on revient de RDC, on revient d'enfer. Ce qu'il y a là -bas, je ne l'ai jamais vu ailleurs". Selon une estimation de l'International Rescue Committee publiée en janvier, la guerre, la famine et les maladies ont fait 5,4 millions de morts dans le pays depuis 1998, le bilan le plus lourd depuis la Seconde guerre mondiale.