L'armée de la République démocratique du Congo (RDC) a officiellement commencé jeudi à intégrer en son sein les rebelles congolais qui lui infligeaient de lourdes défaites il y a encore quelques mois avant d'annoncer la "fin de la guerre" mi-janvier.
Le processus d'intégration a été lancé lors d'une cérémonie symbolique au camp militaire de Rumangabo, à une cinquantaine de km au nord de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu. Ce camp fut très disputé lors des affrontements d'octobre 2008 entre l'armée et les rebelles congolais du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Depuis, l'essentiel des commandants du CNDP ont rallié Kinshasa et son chef historique, le général déchu tutsi congolais Laurent Nkunda, lâché, a été arrêté le 22 janvier au Rwanda voisin. Le ministre de la Défense Charles Mwando, le chef d'état-major des Forces armées de la RDC (FARDC) Didier Etumba et le chef de la police John Numbi étaient présents à la cérémonie, ainsi que le gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku. Côté rebelles du CNDP figuraient quatre commandants dont le chef d'état-major Bosco Ntaganda et le colonel Claude Micho, signataires de la déclaration "de fin des hostilités" du 16 janvier. Mais, à l'arrivée de Bosco Ntaganda entouré d'une forte escorte, les quatre représentants d'une facilitation internationale d'accompagnement du processus de paix ont quitté les lieux, a constaté un journaliste de l'AFP. Bosco Ntaganda est recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour enrôlement d'enfants en 2002-2003 en Ituri, district voisin du Nord-Kivu. Des chefs des Patriotes résistants congolais (Pareco), milice progouvernementale Maï-Maï, étaient également présents à Rumangabo. "Je prends acte de l'intégration du CNDP et du Pareco au sein des FARDC", a déclaré le ministre de la Défense. Le gouverneur Paluku a estimé que la "population du Nord-Kivu (resterait) vraiment reconnaissante de cet acte d'intégration que les groupes armés viennent de faire". "A l'issue de cette intégration, les deux millions de déplacés peuvent espérer rentrer chez eux." Depuis le milieu des années 1990, les conflits dans l'est de la RDC ont poussé sur les routes des centaines de milliers de personnes. Aucun commandant du CNDP ne s'est exprimé publiquement. "Nous allons former des brigades intégrées au sein des FARDC, le processus continue", a expliqué à l'AFP le colonel Micho. Onze éléments du CNDP ont défilé, en ligne impeccable, vers une table où des uniformes verts des FARDC leur ont été remis, sous les applaudissements et les cris de représentants de la société civile. Deux médecins de l'armée les ont ensuite examinés, puis ils se sont fondus au sein d'un groupe des FARDC, avec force accolades. Le colonel Sultani Makenga, un des principaux collaborateurs de Laurent Nkunda, était absent. Mercredi, il avait quitté les lieux, un départ qui avait contraint au report de la cérémonie initialement prévue ce jour-là . Près de 6.200 rebelles du CNDP devraient être intégrés dans les FARDC avec l'appui de l'ONU, selon l'état-major congolais, mais un certain climat de méfiance est perceptible entre les anciens ennemis. Le CNDP affirmait se battre notamment pour éradiquer la menace représentée par les rebelles hutu rwandais des Forces démocratique de libération du Rwanda (FDLR), dont une partie ont participé au génocide de 1994 contre les Tutsi rwandais, et installés depuis dans l'est de la RDC. Kinshasa et Kigali, jusque-là ennemis, ont enclenché le 20 janvier une opération sans précédent contre les FDLR. - AFP