Mariam Sankara, la veuve de l'ancien dirigeant burkinabè Thomas Sankara, mort dans le putsch qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir en 1987, a été accueillie jeudi après-midi à Ouagadougou par plusieurs milliers de personnes, majoritairement des jeunes, fer de lance de la révolution qui a obligé le président Compaoré à démissionner en octobre 2014.
"Chers camarades, l'émotion est forte. Je suis fière de fouler le sol burkinabè. Vous êtes une jeunesse consciente des enjeux de votre temps. Je tiens à remercier tous ceux qui ont contribué à faire fuir le dictateur Blaise Compaoré", a lancé Mariam Sankara aux jeunes venus l'accueillir à l'aéroport international de Ouagadougou.
"C'est avec beaucoup d'émotions et beaucoup de joie que je rentre au pays", a-t-elle ajouté, perchée sur le toit d'un véhicule, drapeau du Burkina Faso dans sa main gauche.
Exilée depuis plus de 25 ans dans la région de Montpellier, dans le sud de la France, Mariam Sankara, qui n'était revenue au Burkina Faso qu'une seule fois (2007) depuis l'assassinat de son mari, sera entendue en tant que partie civile par le juge d' instruction militaire François Yaméogo, chargé de l'enquête sur l' assassinat de Thomas.
Mme Sankara doit par ailleurs présider la Convention des formations politiques se réclamant de l'idéal du capitaine Sankara (1983-1987), qui se tiendra les 16 et 17 mai prochain à Ouagadougou.
Thomas Sankara a incarné et dirigé la révolution burkinabé du 4 août 1983 jusqu'à son assassinat lors d'un coup d'État qui amènera Blaise Compaoré au pouvoir le 15 octobre 1987.
La justice burkinabè sous le régime Compaoré a eu du mal à donner une suite favorable à cette affaire. La famille Sankara avait saisi la Cour africaine des droits de l'homme, qui avait ordonné, en 2008, au gouvernement du Burkina Faso d'autoriser les expertises nécessaires, mais sans suite.
Le gouvernement intérimaire mis en place après la chute de Blaise Compaoré avait autorisé l'exhumation de son corps pour l'identifier formellement s'il s'agit réellement de sa dépouille qui se trouve dans la tombe.
Début mai, la justice militaire a convoqué ses ayants-droit pour prendre attache avec les autorités compétentes, deux semaines après la mise sous scellée de sa tombe.
Vendredi, Mariam Sankara est attendue dans la matinée au cimetière de Dagnöen, où Sankara et ses compagnons auraient été enterrés à la sauvette, pour se recueillir sur la tombe de son mari.
Des élections présidentielle et législatives se tiendront le 11 octobre prochain pour rétablir l'ordre constitutionnel. – AfricaLog avec agence