Marine Le Pen a annoncé mercredi qu'elle s'opposerait à la candidature de son père Jean-Marie aux élections régionales. Elle l'a accusé de chercher à lui "nuire" par des provocations "grossières", entre "stratégie de la terre brûlée et suicide politique".
"J'ai informé Jean-Marie Le Pen que je m'opposerai à sa candidature, lors du bureau politique du 17 avril qui doit investir les têtes de listes pour les élections régionales" dans le sud-est de la France, a annoncé Mme Le Pen dans un communiqué. Elle réagissait à l'incident d'un entretien du président d'honneur du FN à l'hebdomadaire d'extrême-droite "Rivarol".
"Son statut de président d'honneur ne l'autorise pas à prendre le Front National en otage de provocations aussi grossières dont l'objectif semble être de me nuire mais qui, hélas, portent un coup très dur à tout le mouvement, à ses cadres, à ses candidats, à ses adhérents, à ses électeurs", a-t-elle poursuivi.
"C'est avec une profonde tristesse que je suis contrainte de réunir rapidement un bureau exécutif afin d'envisager avec lui les moyens de protéger au mieux les intérêts politiques du Front national".
A l'origine du conflit entre "le menhir" et la fille, la réitération par le fondateur du FN de ses propos sur les chambres à gaz "détail" de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Il a par ailleurs défendu la mémoire du maréchal Philippe Pétain.
Le vieux tribun s'en prend par ailleurs aux cadres du parti choisis par sa fille, parmi lesquels des homosexuels qui lui font évoquer "un lobby arc-en-ciel". Il juge aussi "excessive" la manière dont la direction du FN se défend des accusations d'antisémitisme, de xénophobie ou d'homophobie.
Rien de très nouveau dans sa bouche mais c'est l'abondance de provocations en un temps réduit qui a entraîné la réaction de sa fille.
Une rupture définitive avec le fondateur "ne changerait pas fondamentalement la nature du FN, mais aurait une valeur de symbole très fort", souligne le politologue Sylvain Crépon. Le spécialiste de l'extrême-droite relève cependant que M. Le Pen "ne peut pas être délogé aussi facilement que ça". Président à vie, "il va se battre jusqu'au bout".
Quant au risque pour la fille de perdre des électeurs avec cette rupture, elle est jugée mineure par la politologue Virginie Martin. Selon elle, le gain électoral sera supérieur au risque "de se couper peut-être d'un ou deux pour cent" des électeurs d'extrême-droite. – AfricaLog avec agence