Plusieurs centaines d'avocats français s'indignent, dans une lettre, des «atteintes graves et répétées» au secret professionnel après l'ouverture d'une enquête consécutive à l'interception d'une conversation entre l'ex-président Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog.
Vendredi, le quotidien Le Monde avait révélé que M. Sarkozy avait été mis sur écoute en 2013 à la demande de juges enquêtant sur des accusations de financement de sa campagne électorale de 2007 par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi tué en octobre 2011.
Dans ce cadre, des discussions téléphoniques entre M. Sarkozy et son avocat avaient été interceptées menant, selon Le Monde, à l'ouverture d'une information judiciaire.
«Que le secret professionnel, socle de la défense, garantie fondamentale des libertés individuelles dans un Etat de droit, fasse l'objet d'atteintes graves et répétées, menace l'essence même de notre profession d'avocat et son indépendance», dénoncent dans la lettre les avocats signataires qui apportent leur soutien à Me Herzog.
Dans le cadre de cette enquête, deux juges financières ont diligenté une série de perquisitions le 4 mars, visant Me Herzog et un haut magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert.
«Que les cabinets d'avocats soient aujourd'hui devenus un lieu privilégié dans lequel les juges songent à rechercher les éventuelles preuves des instructions qui leurs sont confiées, suscite l'inquiétude», peut-on encore lire dans la lettre.
«Nous alertons les pouvoirs publics sur le danger pour la démocratie de telles dérives et sur l'impérieuse nécessité de protéger le secret professionnel, pilier de la profession d'avocat et sans lequel aucune défense ne peut s'exercer», interpellent les signataires.
Selon la présidente de l'Association de défense des avocats pénalistes (Adap), Corinne Dreyfus-Schmidt, le texte avait été signé par plusieurs centaines d'avocats samedi à la mi-journée. Ce chiffre est appelé à augmenter, a poursuivi l'avocate, qui figure parmi les premiers signataires avec d'autres grands noms du barreau.
Signe de l'émoi suscité dans la profession par cette affaire, le bâtonnier de Paris, Pierre-Olivier Sur, s'était rendu en personne jeudi à l'audience où étaient contestées les saisies réalisées chez Me Herzog. – AfricaLog avec agence