Hués par la foule à leur arrivée, le président français Nicolas Sarkozy et son prédécesseur Jacques Chirac ont participé ensemble mardi aux obsèques nationales du président gabonais Omar Bongo Ondimba, grand ami de la France, au palais de Libreville.
A l'intérieur d'une immense salle décorée de marbre et tendue de rideaux rouges, un tapis rouge semé de pétales de roses rouges et blancs -plusieurs milliers de roses ont été acheminées de France, selon le responsable de cette décoration- menait au cercueil recouvert du drapeau gabonais bleu, jaune et vert. De nombreux autres dirigeants comme le Sénégalais Abdoulaye Wade et le Congolais Sassou N'Guesso, beau-père du défunt, étaient également présents. Le roi du Maroc Mohammed VI s'est fait représenter par le prince Moulay Rachid, accueillis à Libreville par Ali Bongo Ondimba, ministre de la Défense, fils et probable candidat à la succession d'Omar Bongo, qui fut le doyen des dirigeants africains. Le président gabonais est mort le 8 juin à l'âge de 73 ans dans une clinique de Barcelone où il était hospitalisé depuis plusieurs semaines, après avoir régné sur son pays pendant près de 42 ans. Après une cérémonie militaire un peu plus tard mardi, Omar Bongo sera inhumé dans l'intimité jeudi à Franceville, capitale de sa province natale dans le sud-est du pays. La présidente du Sénat Rose Francine Rogombé assure la présidence par intérim et devrait organiser, dans un délai de 30 à 45 jours à compter du constat de vacance du pouvoir, une nouvelle élection présidentielle. L'arrivée de Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac au palais présidentiel, dans une même limousine, a été saluée par des huées dans la foule, d'où se sont élevés des cris de "Non à la France! Non à la France!" Les deux hommes représentent aux yeux de beaucoup la "Françafrique" des relations politico-financières opaques entre la France et ses anciennes colonies. Ils ont toutefois été applaudis à l'intérieur du palais lorsqu'ils se sont inclinés devant la dépouille et ont déposé des couronnes de roses blanches et roses. Fidèle ami de Jacques Chirac, Omar Bongo avait été le premier chef d'Etat reçu par Nicolas Sarkozy après son arrivée à l'Elysée en 2007. Les bons rapports entre Paris et Libreville avaient toutefois un peu souffert récemment des poursuites engagées contre MM. Bongo, N'Guesso et Théodore Obiang (Guinée-Equatoriale) pour détournement de fonds publics dans l'acquisition d'un impressionnant patrimoine immobilier en France (affaire des présumés "biens mal acquis"). "La France a envie de garder sa proximité avec le Gabon, elle est aux côtés des Gabonais et aux côtés des institutions gabonaises. Elle fera tout pour aider le Gabon à passer cette période en faisant vivre ses institutions démocratiques", a déclaré mardi le secrétaire d'Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, Alain Joyandet, interrogé par France Info. D'Omar Bongo, "quarante ans de présidence, 40 ans, au fond, de stabilité, 40 ans sans heurt, sans conflit civil majeur, c'est ce qu'il faut retenir", a conclu M. Joyandet. Omar Bongo, qui était arrivé au pouvoir avec le soutien de la France en 1967, est le seul président qu'aient connu la plupart des 1,5 million de Gabonais. AP