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Sarkozy veut des projets qui fédèrent l'Afrique des Grands Lacs

Mar 26, 2009

Nicolas Sarkozy a appelé les pays de l'Afrique des Grands Lacs à donner un nouvel élan à leur coopération afin d'assurer le développement d'une région déstabilisée par plusieurs conflits ces dernières années, indiquant que la France était prête à les aider.

Le président français a plaidé en outre pour la reconstruction de la République démocratique du Congo (RDC), le plus grand pays francophone d'Afrique, ayant selon lui vocation à être la "colonne vertébrale" de cette région troublée plutôt que son "maillon faible".

S'exprimant devant le Parlement de la RDC au premier jour d'une tournée éclair dans trois pays d'Afrique, il a salué la "décision courageuse" de son homologue Joseph Kabila, qui a "tendu la main" au Rwanda pour lutter avec lui contre les rebelles hutus des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) opérant dans la province orientale de Kivu.

"Je veux y voir les prémices d'une véritable refondation de toute la région", a-t-il dit. L'évolution de la situation fait que l'initiative de paix régionale évoquée en janvier par le président français n'est plus d'actualité.

Il avait alors irrité fortement Kinshasa en proposant un "partage des richesses" minières du Kivu avec le petit Rwanda voisin comme solution susceptible de contribuer à l'apaisement des tensions, certains y voyant une remise en cause de la souveraineté de la RDC.

L'Elysée a depuis corrigé le tir et Nicolas Sarkozy, qui est le premier chef de l'Etat français à se rendre à Kinshasa depuis François Mitterrand en 1984, a assuré devant les parlementaires de la RDC que la souveraineté de leur pays était "inaliénable".

Mais il a estimé aussi que les relations de la RDC avec ses voisins de l'est devaient s'établir "sur des bases radicalement nouvelles", cette relance passant par des "projets qui fédèrent" en termes, par exemple, de ressources énergétiques ou d'infrastructures permettant de désenclaver la région.

VERS UNE CONFÉRENCE DES BAILLEURS DE FONDS

Ceux-ci devraient à ses yeux dépasser le cadre de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (RDC, Rwanda, Burundi) pour s'ouvrir à d'autres pays comme l'Ouganda, la Tanzanie, voire le Kenya, sous l'égide d'une Agence régionale de développement et de coopération.

Le président français s'est dit prêt à accueillir en 2010 une conférence des bailleurs de fonds pour financer le tout.

S'agissant de la RDC, il a indiqué qu'il encouragerait les entreprises françaises à y renforcer leur présence, ce qui devrait être facilité par un accord de protection des investissements que les deux pays se sont engagés jeudi à conclure rapidement.

Le président français ne devait passer que cinq heures à Kinshasa avant de se rendre à Brazzaville, sur la rive droite du fleuve Congo, pour une "visite d'amitié" dans un des pays symbole de la "Françafrique".

Alors que la République du Congo se prépare à des élections présidentielles en juillet, Nicolas Sarkozy y rencontrera des représentants de l'opposition pour éviter que son séjour n'apparaisse comme un soutien au président Denis Sassou Nguesso.

"La France n'a pas de candidat", a-t-il dit à la presse locale, ajoutant que "quel que soit le résultat de cette élection, la France restera un partenaire privilégié du Congo".

Si Paris devait peser sur ces élections, "c'est seulement pour souhaiter et encourager leur déroulement dans des conditions qui marient harmonieusement et durablement la paix et la démocratie", a-t-il assuré.

A la tête d'un pays pétrolier dont la gestion des richesses fait de longue date l'objet de critiques, Denis Sassou Nguesso est au nombre de dirigeants africains qui ont été la cible en France de plaintes pour recel de détournement de fonds publics en raison notamment de l'importance de leurs investissements immobiliers privés à l'étranger.

Nicolas Sarkozy devait prononcer jeudi en fin de journée devant le Parlement congolais un discours sur la politique de la France en Afrique, un sujet sur lequel il s'était déjà exprimé début 2008 en Afrique du Sud en prônant une "refondation" des relations entre Paris et le continent.

Il achèvera son périple vendredi par une escale à Niamey. - Reuters