Le parti d'extrême droite Front national (FN) est arrivé dimanche largement en tête lors d'élections régionales en France, premier scrutin dans le pays depuis les attentats djihadistes meurtriers du 13 novembre.
Le FN a obtenu au premier tour un score national record de 27,2 à 30,3% des voix, selon des estimations d'instituts de sondage. Un deuxième tour est prévu le 13 décembre. Ces régionales constituent le dernier test électoral avant la présidentielle de 2017.
La progression de l'extrême droite en France est continue depuis des percées aux municipales et aux européennes en 2014, qui lui ont donné une dizaine de villes et une vingtaine de sièges d'eurodéputés.
Le FN recrute désormais dans toutes les classes de la société, surfant sur un rejet de la classe politique classique gauche-droite, dans un pays où le chômage endémique affecte près de 3,6 millions de personnes.
Il a devancé dimanche l'opposition de droite et les socialistes du président François Hollande dans au moins six régions sur 13, dont trois clés: au nord (Nord-Pas-de-Calais-Picardie), où se présente sa présidente Marine Le Pen, dans le sud-est (Provence-Alpes-Côte d'Azur), où il est emmené par sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, et dans l'est (Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine), avec le stratège du parti, Florian Philippot.
Il est aussi en tête dans le centre (Centre-Val de Loire), le centre-est (Bourgogne-Franche-Comté) et le sud (Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées), et au coude à coude avec la droite en Normandie (nord-ouest).
Marine Le Pen a obtenu dans sa région entre 40,3 et 41% des voix, selon les estimations. Marion Maréchal-Le Pen est créditée dans le sud-est de 40,9% à 41,9% des voix.
Dans le nord, c'est «un résultat magnifique que nous accueillons avec humilité», a déclaré Marine Le Pen. «Nous avons vocation à réaliser l'unité nationale dont le pays à besoin», a-t-elle affirmé. Dans le sud, Marion Maréchal Le-Pen a salué «un score absolument historique», marquant «la fin d'un vieux système».
Quelque 44,6 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes. La participation, de l'ordre de 50%, a nettement augmenté par rapport au dernier scrutin régional de 2010, marqué par une très forte abstention.
Le Parti socialiste au pouvoir dirigeait jusqu'à présent la quasi-totalité des régions. Il était crédité dimanche de 22,6 à 23,5%.
Promis à une large victoire avant les attentats de Paris, le parti Les Républicains de l'ancien président de droite Nicolas Sarkozy avait vu ces dernières semaines les intentions de vote en sa faveur s'éroder au profit du Front national. Son parti a obtenu dimanche 26,2 à 27,4% des voix, selon les estimations.
La possibilité de voir le FN prendre les rênes d'une ou plusieurs régions, du jamais vu en France, laisse augurer de grandes manoeuvres d'ici au second tour le 13 décembre.
À droite, Nicolas Sarkozy a affirmé qu'il n'y aurait «ni fusion» avec la gauche, «ni retrait» face au FN pour le deuxième tour.
L'issue du scrutin final dépendra beaucoup de l'attitude pour le second tour du PS et des Républicains dans les régions susceptibles de basculer à l'extrême droite: désistement voire alliance pour tenter de lui barrer la route, ou triangulaires risquant d'assurer sa victoire.
Trois semaines après les attentats de Paris (130 morts, des centaines de blessés), revendiqués par le groupe Etat islamique, la sécurité avait été renforcée dimanche autour des bureaux de vote, dans le cadre de l'état d'urgence. Policiers et militaires en armes patrouillaient notamment les rues de Paris.
Après ces attaques, le parti de Marine Le Pen s'est trouvé conforté dans son discours nationaliste et anti-immigration par la révélation que deux des kamikazes avaient gagné la France après s'être glissés parmi des migrants débarqués en Grèce.
Les socialistes au pouvoir n'ont pas tiré profit du spectaculaire regain de popularité de François Hollande, dont le virage sécuritaire après les attentats a reçu un large soutien dans l'opinion. Ils ont souffert aussi des divisions de la gauche.
Les élections régionales sont les dernières prévues en France avant la présidentielle de 2017, pour laquelle Marine Le Pen est aussi donnée en tête des intentions de vote au premier tour. - AfricaLog avec agence