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Second tour de présidentielle relativement calme au Ghana

Dec 29, 2008

Le second tour de l'élection présidentielle au Ghana, qui désignera un successeur au président sortant John Kufuor, s'est déroulé dans le calme, malgré des témoignages faisant état de quelques actes de violence et de tentatives de vol d'urnes.

Le scrutin opposait Nana Akufo-Addo, candidat du Nouveau Parti patriotique (NPP), au pouvoir, et John Atta Mills, représentant du Congrès démocratique national (NDC) d'opposition.

Le décompte est en cours, mais les résultats complets ne sont pas attendus avant mardi au plus tôt. Les médias locaux estiment que la participation au second tour n'a pas été aussi élevée qu'au premier, le 7 décembre.

Une forte participation, supérieure à 70%, pourrait favoriser Akufo-Addo, estiment certains analystes, tandis qu'une mobilisation moindre renforcerait les chances de Mills.

Le Codeo, groupe ghanéen d'observation électorale, a signalé plusieurs cas de troubles, d'intimidations, voire de violences dans différentes régions du pays, mais un responsable de la police a indiqué qu'aucun de ces cas n'avait été assez grave pour justifier la fermeture d'un bureau de vote.

"Dans l'ensemble, le processus s'est bien déroulé, mais il y a eu quelques problèmes, dont des tentatives de vol d'urnes, surtout à Accra et à Kumasi", a déclaré à Reuters le commissaire adjoint Kwesi Ofori. Il a fait état de plusieurs arrestations.

Yakubu Gowon, chef de la mission d'observation envoyée au Ghana par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), a estimé que le second tour du scrutin avait été entaché de plus d'incidents que le premier.

"Cette fois n'a pas été aussi joyeuse que la dernière. Nous avons constaté quelques incidents: des désaccords entre agents électoraux, des rapports d'urnes volées", a dit Gowon, qui a néanmoins jugé le déroulement du scrutin globalement positif.

Akufo-Addo est arrivé en tête du premier tour le 7 décembre, avec 49% des suffrages et un peu plus d'un point de pourcentage d'avance sur son rival, mais sous le seuil des 50% nécessaire pour l'emporter.

IRRÉGULARITÉS ET INTIMIDATIONS ?

La campagne électorale a été marquée par de rudes échanges verbaux et le NDC a protesté auprès des autorités électorales contre des irrégularités.

Alors qu'il votait, John Atta Mills a dit avoir été informé d'irrégularités et d'intimidations contre des électeurs de son parti, le NDC. Il a demandé aux autorités de s'assurer de l'équité du vote. Nana Akufo-Addo a quant à lui appelé les Ghanéens à se mobiliser en nombre.

Mais les observateurs internationaux ont salué un scrutin méthodique, libre et équitable, et un modèle de démocratie sur un continent marqué cette année par plusieurs débâcles électorales.

Quelque 12,4 millions d'électeurs, sur une population de 23 millions d'habitants, étaient appelés aux urnes pour désigner un successeur à John Kufuor, qui met fin à ses fonctions après deux mandats, comme le prévoit la Constitution.

Ce scrutin est considéré comme l'occasion de redonner une certaine crédibilité démocratique à l'Afrique après les violences postélectorales qui ont éclaté cette année au Kenya ou au Zimbabwe. A cela se sont ajoutés deux coups d'Etat, l'un en Mauritanie en août, l'autre en Guinée à la veille de Noël.

L'enjeu du scrutin est aussi économique : le Ghana, deuxième producteur mondial de cacao derrière son voisin ivoirien et deuxième producteur d'or du continent après l'Afrique du Sud, se prépare à extraire du pétrole en quantité industrielle à partir de la fin 2010.

Les analystes n'écartent pas certains risques à l'issue de l'élection. Le NPP a perdu sa majorité au parlement à l'issue des élections législatives qui se tenaient en même temps que le premier tour de la présidentielle.

Deux des 230 sièges de l'Assemblée nationale restent à attribuer par la commission électorale, mais le NCD détient déjà 114 sièges contre 108 au NPP.

Le prochain président du Ghana, qu'il vienne de l'un ou l'autre de ces partis, devra probablement faire face à une chambre difficile à contrôler, prédit Sebastian Spio-Garbrah, de l'institut Eurasia Group.

La coopération post-électorale sur des questions de base comme le vote du budget ou la confirmation des ministres pourrait être entravée, ajoute-t-il.

Sous la présidence de Kufuor, le pays a connu une période de forte croissance économique, de l'ordre de 5 à 6% par an, et Nana Akufo-Addo promet de maintenir cet élan, malgré les retombées de la crise financière internationale.

Le gouvernement sortant a baissé les prix du carburant le 11 décembre dernier, ce qui lui a valu d'être accusé par l'opposition de tenter d'acheter les voix des électeurs. - Reuters