L'Afrique, ses dirigeants, ses élites politiques et économiques, ses mouvements rebelles, ses télécoms, ainsi que les organisations internationales qui y opèrent ont été la cible d'écoutes à grande échelle des services secrets américains et britanniques, a rapporté jeudi le journal français Le Monde, sur la base des archives Snowden.
Dans son édition datée de vendredi, le quotidien précise avoir examiné, en collaboration avec le site internet The Intercept, dépositaire des millions de pièces des archives divulgées par Edward Snowden, des documents prouvant que «l'Afrique et les télécoms» ont été placés par Londres et Washington «sous surveillance massive» - comme d'autres pays.
Ces documents, dont l'exploitation se poursuit, prouvent qu'une vingtaine de pays africains ont été placés, au moins entre 2008 et 2011, par les satellites du GCHQ, les services secrets britanniques. Dans ces pays, les cibles sont nombreuses, au premier rang desquelles des chefs d'État, des chefs de gouvernement, puis des ministres, des conseillers, des opposants, des militaires, des chefs rebelles, des hommes d'affaires, des ONG.
Ainsi le GCHQ intercepte-t-il les échanges entre le président kényan Mwai Kibaki, ses principaux conseillers et son premier ministre, Raila Odinga, en mars 009. Même chose en Angola, en République démocratique du Congo, au Nigeria, au Ghana, en Sierra Leone, au Togo, en Guinée-Conakry et au Soudan.
«Si les services secrets britanniques privilégient les interceptions massives en Afrique anglophone, ils ne s'interdisent pas de lorgner le pré carré français», ajoute le journal.
Ainsi, le ministère français des Affaires étrangères, la direction de la coopération internationale et du développement, des ambassades de France sur le continent, des diplomates, mais aussi des ONG comme Médecins sans frontières et des grands groupes comme Total ou Thalès ont été mis sous surveillance.
Insistant sur le caractère massif et systématique de cette surveillance - les documents Snowden ont prouvé qu'elle s'étendait à toute la planète - Le Monde ajoute que «la plupart des opérateurs de télécommunications» opérant en Afrique «sont espionnés, comme le sud-africain MTN, les saoudiens de Saudi Telecoms, France Télécom et Orange.
Le lanceur d'alerte américain Edward Snowden, actuellement réfugié en Russie, a révélé en 2013 l'ampleur du système de surveillance mondiale des communications et d'internet par les États-Unis. Inculpé d'espionnage, l'ancien consultant de l'Agence de sécurité nationale (NSA) encourt jusqu'à 30 ans de prison dans son pays pour avoir divulgué des données secrètes. – AfricaLog avec agence