Le colonel Mouammar Kadhafi a été accueilli mercredi à Rome par Silvio Berlusconi pour sa première visite en Italie depuis son arrivé au pouvoir en Libye en 1969.
Ce déplacement, pour lequel Rome a déroulé le tapis rouge, devrait permettre, aux yeux des Italiens, de clore définitivement le chapitre douloureux de la colonisation italienne dans ce pays. L'an dernier, l'Italie avait accepté de payer cinq milliards de dollars au titre des réparations de l'ère coloniale. Le guide libyen, jadis pourfendeur de l'impérialisme occidental, a cependant tenu à rappeler ce passé à ses hôtes en arborant sur sa vareuse militaire à épaulettes dorées une grande photo d'un héros de la résistance libyenne, Omar al Moukhtar, enchaîné aux côtés de ses geôliers italiens. Et pour faire bonne mesure, le fils d'Al Mokhtar, aujourd'hui très âgé et voyageant dans un fauteuil roulant, a été emmené "dans les bagages" du visiteur libyen. La Libye de Kadhafi, redevenue "fréquentable" sur la scène internationale après avoir renoncé à fabriquer des armes de destruction massive, fournit le quart du pétrole consommé dans la Péninsule. Son économie en plein boom est un marché particulièrement attractif pour les entreprises exportatrices italiennes en temps de crise. UN CHAPITRE SE FERME Aux journalistes qui attendaient le Guide à l'aéroport, le président du Conseil a déclaré : "Un long et douloureux chapitre avec la Libye est en train de se refermer". Kadhafi, qui arborait aussi un stick à l'épaule gauche, a ensuite été reçu à déjeuner par le chef de l'Etat, le président Giorgio Napolitano. "Je félicite cette génération d'Italiens qui a eu le courage de régler les questions du passé avec beaucoup de courage", a confié à la presse le dirigeant libyen, qui doit s'adresser lors de sa visite à des chefs d'entreprise. Pour sa part, Amnesty International a prévu de manifester dans le centre de Rome pour dénoncer le manque de respect des droits de l'homme en Libye. Des manifestations sont également prévues lors de la visite, jeudi, de Kadhafi dans une université de la capitale où il doit prendre la parole. Plusieurs sénateurs ont tiqué lorsque l'hôte de l'Italie a été autorisé à prendre la parole dans l'enceinte de la Chambre haute. Il sera le troisième hôte étranger de marque à jouir de ce privilège. Une rencontre avec des Italiens expulsés de Libye après le coup d'Etat de 1969 qui a porté le jeune capitaine Kadhafi au pouvoir est programmée samedi. En revanche, la communauté juive chassée de Libye a refusé de le rencontrer le jour du shabbat. Pour la petite histoire, le colonel a planté sa traditionnelle tente de bédouin dans un espace vert de Rome pour y recevoir ses invités. - Reuters