Israël poursuit lundi son offensive sur la bande de Gaza, où les raids aériens menés depuis samedi ont fait au moins 307 morts, pour plus de la moitié des membres des forces de sécurité du Hamas.
L'Etat juif a déployé dimanche des blindés le long de la frontière avec le territoire côtier et a rappelé quelque 6.500 réservistes, ce qui pourrait annoncer une intervention terrestre, bien que la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni ait affirmé sur la chaîne américaine NBC que "l'objectif n'(était) pas de réoccuper Gaza". L'opération militaire durera jusqu'à ce la population du sud d'Israël "ne vive plus dans la terreur et la crainte permanente", a prévenu Mark Regev, porte-parole du Premier ministre Ehud Olmert. Elle "pourrait prendre plusieurs jours", a dit pour sa part le porte-parole de l'armée Avi Benayahu. Après plus de deux jours, au moins 307 Palestiniens ont été tués, selon un dernier bilan avancé de source médicale palestinienne, dont 180 membres du Hamas, une quinzaine de femmes et des enfants. CIBLES SYMBOLIQUES Après le bombardement d'une quarantaine de tunnels entre l'Egypte et la bande de Gaza et d'autres cibles du Hamas dans la journée de dimanche, les raids aériens se sont de nouveau intensifiés après la tombée de la nuit. Un laboratoire de l'Université islamique de la bande de Gaza, lieu culturel symbolique pour le Hamas, a été détruit. Selon l'armée israélienne, les islamistes y mettaient au point des armes et des explosifs. D'autres frappes intervenues dans la nuit ont fait, elles, de nouvelles victimes civiles. Sept personnes, dont cinq jeunes soeurs, ont été tuées dans le nord du pays, alors que trois jeunes enfants ont péri dans une maison de Rafah, dans le Sud, dans un raid qui visait la maison voisine d'un haut responsable du Hamas. Des dizaines de Gazaouis ont fui cette partie du territoire en traversant le mur de sécurité frontalier avec l'Egypte, ouvert à l'aide de bulldozers et d'explosifs. Un garde-frontière égyptien et un jeune Palestinien ont été tués dans des affrontements survenus alors que la police égyptienne essayait de contenir la foule. Le Caire a ensuite appelé les Palestiniens à se tenir à l'écart de la frontière où l'aviation israélienne prévoyait de mener de nouveaux raids contre les tunnels, a rapporté une source au sein des services de sécurité palestiniens. "TOUS LES MOYENS POSSIBLES" Malgré le pilonnage intensif, entré lundi dans son troisième jour, les islamistes du Hamas continuaient de crier vengeance et de défier Israël. Quelque 150 roquettes ont été tirées sur le sud de l'Etat juif en deux jours, selon l'armée israélienne, dont deux se sont abattues près du port d'Ashdod, sans faire de victimes. Un porte-parole du Hamas, Faouzi Barhoum, a exhorté les groupes palestiniens à utiliser contre Israël "tous les moyens possibles, dont des attentats suicides". Depuis le Liban, dernier pays où Israël avait lancé une offensive pendant l'été 2006, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a pour sa part demandé à ses combattants de se tenir prêts à une éventuelle attaque. Le dirigeant chiite a comparé les deux opérations et affirmé que les forces israéliennes étaient en état d'alerte depuis samedi le long de la frontière avec le Liban. La Syrie a apporté une réponse diplomatique en interrompant les négociations de paix indirectes avec Israël, qui étaient en suspens depuis l'annonce de la démission d'Olmert. Dans plusieurs pays arabes, des manifestants ont brûlé des drapeaux israéliens et américains et invité leurs dirigeants à répondre plus fermement à l'attaque contre la bande de Gaza. Dans le même temps, les dirigeants internationaux multipliaient les appels à la cessation des hostilités. Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon s'est entretenu avec Ehud Olmert, le président palestinien Mahmoud Abbas et d'autres responsables régionaux, pour leur répéter l'appel à la fin des hostilités lancé le matin même par le Conseil de sécurité, disait un communiqué diffusé par son porte-parole. Selon ce même texte, Israël se serait engagé auprès du coordinateur des opérations humanitaires de l'Onu à Gaza à autoriser l'entrée de convois d'urgence. Le Comité international de la Croix-Rouge a en effet souligné dimanche que les hôpitaux de la bande de Gaza, territoire sous blocus israélien depuis sa prise de contrôle par le Hamas en juin 2007, ne parvenaient pas à faire face à l'afflux de victimes et manquaient de matériel. - Reuters