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Un "cri de cœur" mal apprécié par l’UFR de Sidya Touré

May 08, 2014
Un "cri de cœur" mal apprécié par l’UFR de Sidya Touré

C’est l’inquiétude après la décision du Bureau exécutif national de l’Union des Forces Républicaines (UFR) de Sidya Touré de condamner la liberté d’opinion exprimée par un jeune leader de parti politique à travers son «cri de cœur».

Inquiétude en ce sens que, l’ancien Premier ministre qui briguera certainement la magistrature suprême de la Guinée lors de la prochaine présidentielle, serait un adepte de la pensée unique.

Autrement dit, il donne le sentiment de vouloir "caporaliser" tous ceux-là, qu’ils soient militants, sympathisants ou autres collaborateurs, qui voudraient avoir une pensée autre que la sienne.

Tenez! Sous la signature du Secrétaire général, le Bureau exécutif national de l’UFR vient d’annoncer la «Réévaluation de la Collaboration» entre le Mouvement Pour la République (MPR) et l’Union des Forces Républicaines (UFR). Pour rappel, le premier, MPR, est dirigé par Cheick Tidiane Traoré qui a été le plus jeune député sous le régime du Président Lansana Conté et le second, par Sidya Touré. Cheick Tidiane était, jusqu’à la sortie de l’acte, le 30 avril 2014, le Chargé de Communication de l’UFR, au terme d’un accord passé entre les deux parties.

En effet, tout est parti de l’article signé par ce dernier. Article intitulé: "Politiciens nés après 1958, trois chantiers irréfragables vous interpellent".

D’entrée de jeu, l’auteur compare le peuple de Guinée à un homme de 56 ans: « … si tu étais un Homme, tu serais déjà mort depuis 2005 parce que l’espérance de vie du Guinéen, sauf erreur de ma part est statistiquement de 47 ans», écrit-il. Pour cela, il invite à un changement de génération car, selon M. Traoré, «il est venu le temps de rendre un hommage mérité à ceux qui sont encore en vie et surtout actifs politiquement et en leur demandant de faire valoir leur droit à la retraite».

Cheick Tidiane Traoré conseille aux jeunes de s’engager «à tous les niveaux de la gouvernance démocratique en vue de renforcer leurs capacités afin d'éviter des erreurs que leurs congénères dirigeants du CNDD ont connues». Le CNDD était l’instance dirigeante de la junte qui avait pris le pouvoir en décembre 2008 avec en tête des jeunes leaders qui, malheureusement, "ont manqué le coche".

Et il le rappelle d’ailleurs: «De 2008 à 2009, le Capitaine Moussa Dadis Camara a présidé aux destinées de la Guinée avec un espoir vite déçu. De 2009 à 2010, le Général Sékouba Konaté a présidé aux destinées de la Guinée avec une transition mal achevée».

Il compare aussi la Guinée à ses voisins où «le changement de génération est en marche et bien en avance»; estimant donc qu’il est temps que la génération née après 1958, année de l’indépendance de la Guinée, prenne ses responsabilités: «Il appartient aux filles et fils de Guinée, nés après 1958 de se donner la main dans le respect de la différence pour imposer la protection des valeurs auxquelles ils croient en matière de réforme politique et démocratique».

Celui que l’on appelle affectueusement toujours avec le titre accordé aux députés guinéens, Honorable Cheick, invite les jeunes députés «toutes appartenances politiques confondues» de la législature en cours, d’œuvrer à mettre en place un «cadre légal et règlementaire devant faciliter le noble challenge générationnel qu’est le changement de génération».

Pour y parvenir, l’auteur du texte cite trois (3) chantiers qui devraient constituer la priorité des jeunes, des chantiers qu’il considère comme «irréfragables»:

«- La révision de la constitution pour remettre le verrou de la limite d’âge à la candidature à la présidentielle (70 ans).
- La candidature massive des jeunes sur les listes des partis politiques et Ă  des positions Ă©ligibles pendant les prochaines Ă©lections communales.
- La prise en main du gros chantier de la réconciliation nationale en donnant à l’université guinéenne et aux historiens (scientifiques) la tâche d’établir la réalité historique de la Guinée pour que chacune des composantes puisse en tirer les conséquences constructives au service de la coexistence pacifique».

Cheick Tidiane Traoré lance, pour ce faire, le slogan suivant: «2020, dernier rendez-vous pour les aînés politiques nés avant 1958» et donc, a-t-il souligné: «il appartient au personnel politique juvénile actuel de saisir celles [les opportunités] qu’offrent les prochaines échéances électorales».

A voir de près cette échéance, c’est que tous les leaders politiques actuels d’un certain âge, seront "forclos". Naturellement, Sidya Touré y compris. C’est pour cette raison évidente que le «cri de cœur» du jeune leader politique semble mal perçu et vu comme "un appel à sédition" dans les milieux de l’UFR. Et la réaction n’a pas tardé et la direction du parti qui a enregistré l’article avec «un certain étonnement», a sorti le document évoqué plus haut.

Le Bureau exécutif national (BEN) considère donc «cette vision politique» du leader du MPR comme «le rejet des hommes politiques guinéens dont la naissance comme notre leader [Sidya Touré, NDLR], est antérieure à la période de prédilection qui est la vôtre»,
Ainsi, tout en disant reconnaître et respecter «votre liberté d’opinion consacrée par la Loi fondamentale [Constitution ; NDLR], de notre pays», le BEN de l’UFR estime que «la fonction de Chargé de Communication de l’UFR que nous vous avons confiée dans le cadre de notre collaboration politique, se trouve dangereusement compromise par cette sortie médiatique».

Et le Secrétaire général, signataire du document, d’écrire: «En conséquence de tout ce qui précède, je vous demande de tirer la conclusion qui découle de votre vision politique et qui s’impose à vous».

AfricaLog est aussitôt entré en contact avec Cheick Tidiane Traoré qui lui a réservé la primeur de sa réaction à cette lettre du Bureau exécutif national de l’UFR. Dans son courrier, Cheick Tidiane exprime tous d’abord sa «surprise que votre parti a unilatéralement décidé de rompre notre collaboration».
D’autre part, il relève un vice par rapport au non respect du parallélisme des formes: «je tiens à vous signaler que dans l’équivalence des formes, c’est le Président de l’UFR qui devrait en principe s’adresser à celui du MPR pour la réévaluation de la collaboration entre nos deux formations politiques». Sa lettre-réponse est, elle, adressée à Sidya Touré, le Président de l’UFR.
Pour lui, «l’affirmation "Cette vision politique exprime le rejet des hommes politiques guinéens dont la naissance, comme notre Leader, est antérieure à la période de prédilection qui est la vôtre" contenue dans la lettre qui m’a été adressée est dénuée de tout fondement» en ce sens que, relève-t-il, «sauf erreur de ma part, je ne me souviens pas avoir passé un accord avec vous m’interdisant l’expression de l’opinion du MPR».
Toutefois, M. Traoré se félicite-t-il de la période de collaboration qu’il a eue avec l’UFR: «S’agissant des responsabilités que j’ai assumées au sein de la Cellule de Communication de l’UFR, j’estime les avoir accomplies avec beaucoup de succès, dans le cadre de la promotion de l’image et de la réputation de votre parti et de son Leader» avant de conclure: «compte tenu du décalage entre l’objet de votre lettre et son contenu, je tire la conclusion que vous mettez fin unilatéralement à la collaboration entre le MPR et l’UFR».
Décidément!
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