Alors que la saison des moustiques se profile, de nombreux Américains ignorent les risques que fait courir le virus Zika, et surtout celui d'une microcéphalie du foetus. C'est ce que révèle un sondage de l'Université de Harvard.
Dans des familles où une femme attendait un enfant ou envisageait de tomber enceinte, presque une personne sur quatre (23%) ignorait le lien établi entre le virus et ce défaut congénital, qui consiste en une taille insuffisante du crâne et du cerveau.
Dans ce même groupe, une personne sur cinq (20%) était - à tort - convaincue qu'il existe un vaccin contre ce virus et 42% ignoraient qu'il peut se transmettre sexuellement. Un quart de ce groupe était aussi persuadé que les personnes affectées présentent des symptômes caractéristiques, alors que ce n'est pas le cas.
Les chercheurs, qui ont réalisé cette enquête, en concluent que le grand public ne dispose pas des dernières informations en date sur le virus, pourtant régulièrement diffusées et mises à jour par les autorités sanitaires.
"Nous disposons d'une fenêtre avant le début de la saison des moustiques aux Etats-Unis, avec le retour des beaux jours pour corriger ces perceptions erronées", relève Gillian SteelFisher, directrice du service des sondages et de la recherche à la faculté de santé publique de Harvard.
"Ainsi les femmes enceintes et leurs partenaires pourront prendre les précautions nécessaires pour protéger leurs familles", ajoute-t-elle.
Pour l'heure, les moustiques infectés n'ont pas atteint les Etats-Unis, où les cas d'infection par le Zika touchent des voyageurs ou ont été - plus rarement - transmis sexuellement.
Les idées fausses sur le virus sont aussi répandues parmi un public plus large. Ainsi 39% des personnes interrogées pensent qu'une femme enceinte, infectée par le virus, risque d'affecter également de futures grossesses.
Dans le même registre, 22% ignoraient que le Zika peut se transmettre de la mère à l'enfant pendant la grossesse et 29% ignoraient que le virus peut aussi être transmis par une transfusion sanguine.
Une petite proportion des personnes interrogées pensait que le virus pouvait se transmettre par éternuement et 71% du public américain ignore le lien entre le Zika et le syndrome de Guillain-Barré qui peut provoquer une paralysie.
En revanche, la très vaste majorité (87%) savait que le virus se transmet surtout par la piqûre d'un moustique. La plupart des personnes interrogées ont indiqué qu'elles seraient favorables à l'utilisation d'insecticides dans leur ville pour détruire les moustiques en cas d'infection.
Les autorités sanitaires américaines ont recommandé le 25 mars que les hommes utilisent des préservatifs pendant six mois après l'apparition des symptômes, ou s'abstiennent de rapports sexuels. Quant aux femmes, elles doivent attendre au moins huit semaines après le début des symptômes avant d'essayer de tomber enceinte.
Ce sondage national a été mené du 2 au 8 mars auprès de 1275 adultes dont 105 vivent dans une habitation où il y a une femme enceinte ou prévoyant de le devenir dans les douze mois.
Considéré par l'OMS comme une urgence de santé publique de portée mondiale, le Zika circule actuellement dans près de 40 pays, en particulier en Amérique latine et aux Caraïbes.
Selon les dernières estimations, il y a eu 273 cas d'infection aux Etats-Unis, tous des voyageurs revenant de pays où le virus est actif. Dans les territoires américains d'outre-mer, Porto Rico est le plus touché avec 261 cas, pour la plupart transmis par des moustiques.
Le virus tire son nom de la forêt ougandaise de Zika, une réserve ornithologique où il a été identifié pour la première fois en 1947 par des scientifiques qui cherchaient la fièvre jaune chez de petits macaques rhésus. Les détails de la découverte ont été rapportés en 1952 dans un article de la revue britannique de la Royal Society de médecine tropicale et d'hygiène. - AfricaLog avec agence