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Une marée humaine à Paris contre le terrorisme

Jan 11, 2015
Une marée humaine à Paris contre le terrorisme

Unis dans les rues de Paris où ils marchent par centaines de milliers, ils proclament dans un même élan qu'ils veulent rester unis face à la terreur semée par les djihadistes. Drapeaux tricolores à la main, ils disent qu'ils sont «Charlie, juif, policier» après les attentats qui ont fait 17 morts et bouleversé le pays.

«Liberté, égalité, dessinez, écrivez», «Je suis musulman, mais pas terroriste»...: plus d'un million de manifestants sont sortis pour conjurer la peur et défendre la liberté d'expression. Leur rassemblement a été, selon les autorités, d'une ampleur «sans précédent» dans la capitale française.

Parmi eux, beaucoup de familles, toutes générations confondues. Emmanuelle, 44 ans, est venue avec sa mère Suzanne, 76 ans, et ses enfants pour «leur montrer l'importance de la démocratie, qu'ils n'aient pas peur».

«Moi je suis venue par fraternité: il y a des gens dans notre pays qui ne se sentent pas Français, on a une responsabilité collective. Et je ne veux pas laisser n'importe quel pays à mes enfants et mes petits-enfants», ajoute Suzanne.

À l'angle de la place de la République, point de départ du cortège dans le centre de Paris, des jeunes ont brandi une toile: «Je suis musulman, mais pas terroriste».

Drapeaux algériens, américains, israéliens

Sur sa pancarte haut levée, Soufiane, un instituteur de 29 ans, entouré de plusieurs amies, le clame à qui veut l'entendre : «ma religion est celle de l'amour!». «Je marche par conviction, pas par injonction», promet-il, alors que la communauté musulmane a fait part de ses craintes d'une stigmatisation accrue.

Les quatre à cinq millions de musulmans qui vivent en France, invités par certains à condamner les crimes commis au nom de l'islam, sont-ils venus en masse?

Faute de réponse précise, un message de tolérance s'affiche sur les panneaux de la ville de Paris qui affichent: «je suis juif, je suis musulman, je suis chrétien, je suis athée, je suis français». Des drapeaux français, mais aussi algériens, tunisiens, américains, israéliens sont déployés çà et là.

«Allons enfants de la patrie...», les premiers mots de l'hymne national sont entonnés, aussitôt repris à plein poumon par la foule qui a commencé à se masser dès la mi-journée aux abords de la place de la République.

Les pleurs et la peur, la colère et l'humour, mais aussi des tensions...
Un grand-père d'une soixantaine d'années explique qu'il est juif et qu'il manifeste aussi parce qu'il a «peur» pour ses petits-enfants: «je veux les protéger contre les gens qui sont nés ici et qui font des conneries», dit-il.

À 15 h, les familles des victimes précèdent 44 chefs d'État ou de gouvernement, dont François Hollande, bras dessus bras dessous avec le président malien Ibrahim Boubacar Keïta et la chancelière allemande Angela Merkel. L'Israélien Benjamin Netanyahu et le Palestinien Mahmoud Abbas sont d'un côté et de l'autre.

Une minute de silence, des photos, et les dirigeants étrangers quittent le cortège.
La foule s'écoule sans incident, de plus en plus nombreuse.

L'encre, pas le sang

Dessins, slogans ou croquis sont partout brandis, en hommage aux caricaturistes assassinés de Charlie Hebdo. «Si tu dessines, je te croque!», menace, sur une pancarte, un homme effrayant aux dents acérées et ensanglantées.

«C'est l'encre qui doit couler pas le sang», proclame un autre dessin.

«Je suis Charlie, mais derrière Viktor Orban, Ali Bongo, Benjamin Netanyahu, je suis un Charlot. Des nouvelles de Poutine ?», demande sur une pancarte Vincent, un cadre venu de la banlieue parisienne, dans une allusion à certains chefs d'État controversés qui ont fait le déplacement.

«Je n'ai jamais manifesté, mais là...»: un nombre considérable de manifestants commencent ainsi leur témoignage.

L'émotion s'engouffre même, en ce dimanche pas comme les autres, dans les couloirs du métro parisien: «Je suis vraiment heureux de travailler aujourd'hui et de vous emmener à la manifestation républicaine», lance le conducteur d'un train sur une ligne qui suit en partie le tracé du cortège. Dans la rame bondée, les passagers applaudissent. – AfricaLog avec agence