Des tirs nourris ont éclaté mercredi à Bangui, toujours en proie à des pillages, malgré les opérations de sécurisation des soldats français et africains qui attendent désormais le renfort d'une force européenne dont l'ONU a autorisé l'engagement.
Des tirs nourris d'armes automatiques, ponctués de détonations sourdes, ont éclaté mercredi en fin de matinée dans le quartier du PK-5, dans le centre de la capitale centrafricaine.
Ces tirs, dont l'origine n'a pas établie dans l'immédiat, étaient nettement audibles des quartiers voisins du PK-5, le poumon commercial de la capitale centrafricaine, où des centaines de commerces appartenant majoritairement à des musulmans attisent depuis des jours la convoitise de pillards et de miliciens chrétiens anti-balaka qui tentent d'y pénétrer.
Après une trentaine de minutes, l'intensité des tirs a nettement baissé, tandis que des habitants du secteur prenaient la fuite vers des quartiers voisins. Aucun bilan d'éventuelles victimes n'était disponible à la mi-journée.
Dans d'autres quartiers de la ville, des pillages et des violences, faisant au moins deux morts, ont eu lieu dans la matinée.
Au quartier Combattant, près de l'aéroport, un civil musulman a été tué à l'arme blanche par des miliciens anti-balaka, malgré l'intervention de soldats français de l'opération Sangaris pour le protéger.
À une centaine de mètres de là , c'est un jeune chrétien qui a été tué, également à l'arme blanche, par un civil, a raconté un témoin de la scène, Benjamin.
Au rond-point de la Réconciliation, au centre-ville, des pillards emportaient des marchandises volées dans les environs.
Malgré un dispositif de sécurisation de plus plus étoffé au fil des semaines, les soldats français et africains sont confrontés quasi quotidiennement à de telles explosions soudaines de violences dans la capitale.
Depuis le début de la semaine, la MISCA a ainsi commencé à s'installer au coeur des quartiers, avec une présence permanente dans les commissariats. Dans le même temps, des combattants musulmans Séléka ont été évacués de deux camps militaires stratégiques de la ville - pour limiter les points de tension avec les miliciens anti-balaka. Certains sont restés cantonnés à la sortie nord de Bangui et d'autres ont quitté la capitale en direction du nord.
«Des numéros d'appel sont laissés à la portée des populations» en cas d'incident, a-t-on indiqué à l'état-major de la MISCA: «chaque arrondissement de Bangui dispose d'un responsable et d'un numéro».
«Nos nuits sont tranquilles depuis que les soldats burundais de la MISCA sont basés dans notre secteur. Ils patrouillent à pied, dans des véhicules, nous demandent si tout se passe bien. En tout cas, les détonations nous parviennent de loin», témoignait mercredi François Kougbé, mécanicien, habitant le 2e arrondissement.
«Outre les Burundais, il y a les militaires français qui descendent régulièrement ici, et font aussi des patrouilles. Le calme est revenu dans le 6e arrondissement», expliquait de son côté Philippe Ounga, enseignant.
Mais le dispositif n'est opérationnel jusqu'à présent que dans deux des huit arrondissements de la capitale.
Pour ramener le calme et pouvoir intervenir en province, les 1600 soldats français et les quelque 5200 hommes de la MISCA vont recevoir le renfort d'une force européenne d'environ 500 hommes, dont le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé mardi l'engagement.
Son déploiement devrait cependant prendre quelques semaines. Et ces renforts risquent d'être insuffisants pour stabiliser un pays dévasté par des mois de tueries interreligieuses qui ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés.
À terme, l'ONU considère qu'il faudrait déployer plus de 10 000 hommes pour sécuriser la RCA «car la situation est très, très grave et le pays immense», a expliqué mardi l'ambassadeur de France aux Nations unies Gérard Araud.
C'est aussi l'avis de la nouvelle présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba Panza, qui, dès son élection le 20 janvier, a réclamé plus de soldats pour arrêter les exactions et les violences qui ont contraint son prédécesseur Michel Djotodia à démissionner.
Comme Paris, Mme Samba Panza veut une mission de l'ONU pour son pays qu'elle doit conduire à des élections générales au plus tard dans un an. – AfricaLog avec agence