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Wade accusé de complicité de coup d'Etat en Guinée

Jan 08, 2009

Le Président Wade est attrait, ce vendredi, au tribunal de ses pairs de la Cedeao, dont le président en exercice a convoqué un sommet extraordinaire pour demander des sanctions contre la Guinée et rappeler à l’ordre les Présidents Abdoulaye Wade et Mouammar Kadhafi. Ils sont accusés de complicité de coup d’Etat pour leur soutien manifeste à la junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara.

Le Président nigérian Umaru Musa Yar’Adua, président en exercice de la Cedeao, a convoqué ce vendredi un sommet extraordinaire des pays membres de la Commission économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) sur la Guinée, en général, et sur les attitudes des Présidents sénégalais Abdoulaye Wade et libyen Mouammar Kadhafi. Ces deux chefs d’Etats africains sont considérés par leur homologue nigérian comme des complices de la junte militaire qui a pris le pouvoir en Guinée, le 24 décembre 2008.

Le premier, qui n’avait pas condamné le coup d’Etat en Mauritanie, en juillet 2008, a lancé un appel le 28 décembre 2008, sur les ondes de Rfi, pour dire que la junte qui a pris le pouvoir en Guinée, au lendemain de la mort du Président Lansana Conté, mérite le soutien des Africains. Alors que le second s’est déplacé la semaine dernière en Guinée pour une visite au capitaine Camara.

Des positions intolérables pour le Président Yar’Adua, qui a convoqué ce sommet extraordinaire pour que les leaders africains s’opposent et condamnent le soutien de Kadhafi et Wade au capitaine Moussa Dadis Camara. Selon le Président Yar’Adua le soutien et l’encouragement de ces leaders africains à la junte militaire est contraire à la Charte de l’Union Africaine. Aussi, insiste-t-il, les leaders africains ne doivent, en aucune manière, user de leur influence pour promouvoir dans le continent des actions subversives qui sapent la démocratie.

Selon le quotidien nigérian This Day, qui donne l’information dans son édition du 6 janvier 2009, «ce sommet extraordinaire de la Cedeao, auquel est attendu le Président Wade, devrait prononcer la suspension de la Guinée et annoncer des sanctions contre les militaires qui ont pris le pouvoir». Il s’agit, en outre, de forcer les putschistes à se désengager du pouvoir et organiser des élections qui devraient mettre en place de façon démocratique un gouvernement.

A cet effet, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Chief Ojo Maduekwe, qui faisait face à la presse nigériane avant-hier, à Abuja, n’a pas caché le dégoût que lui inspire le comportement des Présidents Khadafi et Wade. Interpellé, il déclare : «Tout gouvernement démocratiquement élu, qui apporte son soutien à un gouvernement illégal, est coupable de complicité.»

PRESIDENT WADE, COMPLICE DE LA JUNTE

Interpellé sur le prompt soutien du Sénégal manifesté au nouveau pouvoir militaire en Guinée, le ministre Chief Ojo Maduekwe estime que «c’est désolant et doit être condamné». Pas du tout tendre avec le chef de l’Etat sénégalais, il insiste : «C’est désolant. Cela est à condamner. Je ne présagerai pas de ce que le sommet va décider.

Afin, les Présidents ont leur façon de se parler entre eux. Mais, en tant que ministre des Affaires étrangères, je dirai que ce sera un jour sombre pour la consolidation de la démocratie en Afrique, si des gouvernements, auteurs de l’Acte constitutif et de la Charte de la Déclaration des gouvernements d’Afrique, reconnaissent des gouvernements qui n’ont pas accédé au pouvoir par les voies de la démocratie.»

Alors, poursuit le ministre nigérian, «si un Etat membre de l’Union africaine, un gouvernement légitime foule au pied les règles de la Communauté pour fraterniser avec une junte militaire, je suis sûr que la sagesse collective et le leadership de l’Ua vont trouver les moyens de les sanctionner, car, à notre avis, saboter le processus démocratique, ce n’est pas seulement quand un groupe d’aventuriers organise un coup d’Etat pour liquider un gouvernement démocratiquement élu».

Chief Ojo Maduekwe continue sa plaidoirie pour faire remarquer qu’«un gouvernement démocratiquement élu, qui se met à soutenir, encourager et lancer des appels pour rendre acceptable un coup d’Etat, alors un tel gouvernement est coupable de complicité de coup d’Etat». D’où sa conviction que l’Union africaine doit rappeler à l’ordre un tel pays.

L’Afrique a beaucoup perdu à cause de la versatilité de certains de ses leaders, affirme Chief Maduekwe qui dénonce la duperie de certains dirigeants et chefs d’Etat africains. Pour preuve, il cite la rencontre, il y a une quinzaine de jours à Addis-Abeba sur le cas de la République démocratique du Congo et lors de laquelle des sanctions ont été retenues contre la Mauritanie.

«Vous ne pouvez pas appeler à des sanctions contre la Mauritanie et ouvrir les bras à un régime militaire en Guinée.» Et s’il convient que les cas peuvent ne pas être les mêmes, et pour des raisons pragmatiques et de real politic «on a besoin d’un, de deux voire trois mois pour organiser des élections, on peut y aller. Mais même l’engagement d’un processus électoral ne veut pas dire qu’on va les reconnaître comme gouvernement. La suspension sera maintenue», selon le ministre Maduekwe qui affirme : Le Nigeria, qui a lancé un appel pour la condamnation du putsch en Mauritanie, n’aura aucune relation avec le régime militaire en Guinée «et il n’y a aucune place pour des doubles standards avec le nouvel engagement de l’Ua pour la démocratie».

A ce propos, il rappelle que lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, ses homologues africains avaient soutenu sa demande de sanctions contre la Mauritanie et ont renouvelé leurs accords lors de la dernière rencontre de l’Ua. Donc «pas de doubles standards sur cette question».

Catégorique, il ajoute que «le coup d’Etat en Guinée est inacceptable. Absolument inacceptable et le message du gouvernement fédéral (nigérian) est clair : la junte doit accepter que quelqu’un conduise les élections. Tout ce qu’elle à faire, s’il n’y a aucune autorité civile pour le faire, ces gens qui ont engagé un processus non démocratique doivent juste organiser des élections et quitter la ville». Alors, il ne doute point que le sommet extraordinaire de la Cedeao, convoqué vendredi prochain, va prononcer de façon officielle la suspension et les sanctions contre la Guinée. Comme pour narguer ses pairs, Président Wade se rendra à Conakry, après avoir assisté ce mercredi à l’investiture du nouveau chef de l’Etat ghanaéen. – Le Quotidien